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que l’école elle-même y était, hélas ! restée en grande partie allemande. Dans les cas d’espèces, qui se présenteront encore pendant quelques années, il appartiendra au clergé de prendre les déterminations que la raison, le tact et la volonté de faire pour le mieux lui inspireront.

Pour prévenir toute fausse interprétation, je tiens à bien spécifier qu’ici, plus qu’en toute autre matière, il faut distinguer entre un passé auquel nous ne pouvons plus rien changer et un avenir que nous devons préparer, entre les adultes qui, ayant reçu une instruction complètement allemande, ne peuvent tirer profit que de sermons allemands, et les générations nouvelles qui, instruites à la française, devront prier en français. Les mêmes difficultés se sont jadis produites dans d’autres provinces de la République. Elles ont trouvé une solution satisfaisante, grâce à la coupure qu’on a progressivement établie entre ce qui était et ce qui devait être. L’unité du pays exige ces sacrifices, qui peuvent à première vue paraître pénibles, mais qui ne le sont en tout cas que temporairement et dont les représentants des vieilles générations, beaucoup plus indulgentes qu’on ne se l’imagine, sont les derniers à se plaindre, parce qu’ils sont les premiers à souffrir de ne pas être à même de se mêler, comme ils le souhaiteraient, à la vie française.

Laissons le temps agir. Il travaille pour nous. L’Alsace et la Lorraine sont françaises. Elles se réjouissent de le devenir chaque jour davantage, même et surtout par ce qui fait le ciment le plus solide de toutes les parties du grand tout qu’est la France, par la langue nationale.


E. WETTERLE.