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d’Alexandre II était renié, lacéré. Un vent de colère et d’opprobre balayait loin du trône tous les vestiges du rêve libéral. Enfin, détestant ses trop longues erreurs, impatient de revenir à « l’idéal mystique des tsars moscovites, » Alexandre III adressait à son peuple un manifeste qui se terminait par ces mots : La voix de Dieu Nous ordonne de Nous mettre avec assurance à la tête du pouvoir absolu. Confiant dans la Providence divine et Sa suprême sagesse, plein d’espoir dans la justice et la force de l’autocratisme que Nous sommes appelé à affirmer, Nous présiderons sereinement aux destinées de Notre empire qui ne seront plus dorénavant discutées qu’entre Dieu et Nous.

La monarchie des tsars rentra ainsi dans les voies traditionnelles où elle avait trouvé jadis la grandeur et la prospérité, mais qui, trente-cinq ans plus tard, devaient mener la Russie à sa perte et Nicolas II au martyre.


MAURICE PALÉOLOGUE.