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LE ROMAN TRAGIQUE
DE
L’EMPEREUR ALEXANDRE II [1]

FIN [2]


VII

Le 3 juin 1880, à huit heures du matin, l’impératrice Marie-Alexandrowna s’éteignit doucement. Depuis près d’un mois, la pauvre créature ne respirait plus : elle soupirait à peine. Un léger effort de toux lui arracha son dernier souffle. Ce fut si insensible et si rapide, qu’on n’eut même pas le temps d’appeler ses enfants auprès d’elle. Quant à l’Empereur, il se trouvait à Tsarskoïé-Sélo.

Quatre jours plus tard, la frêle dépouille de la Tsarine, fut transférée du Palais d’hiver à la cathédrale de la Forteresse, avec toute la pompe archaïque et majestueuse des obsèques impériales. Selon l’usage, Alexandre II et ses fils portèrent eux-mêmes le cercueil depuis le parvis de l’église jusque sur le catafalque. Puis, dans l’essor émouvant des hymnes, le métropolite de Saint-Pétersbourg commença la grandiose liturgie, le sombre et divin mystère de la messe funèbre.

Quelles pensées occupèrent alors l’esprit de l’Empereur ? Et quelle place y tenait la mémoire de la défunte, dont le misérable visage squelettique se dessinait pour la dernière fois devant lui,

  1. Copyright by Maurice Paléologue, 1923.
  2. Voyez la Revue des 15 janvier et 1er février.