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continue d’être une politique qui donne à la France les mains libres. Aucun obstacle d’aucune sorte ne sera mis au passage des troupes françaises et du trafic militaire dans la zone occupée par l’armée britannique. Aucune action d’aucune sorte ne sera engagée par l’Angleterre qui puisse gêner les Français dans l’exécution de leurs plans. Le Gouvernement britannique croit que la politique française est erronée et qu’elle aboutira à un échec ; mais, en même temps, il fera tout le nécessaire pour qu’elle puisse être soumise à une épreuve loyale. Quant à l’avenir, la politique britannique est fondée sur l’espoir que l’échec escompté de l’occupation française de la Ruhr ne créera pas une situation telle qu’il serait impossible de revenir au plan britannique de moratorium et de mobilisation de la créance. » Cette politique, loyalement définie, a été loyalement observée ; et, en vérité, nous n’en demandons pas davantage au Gouvernement de M. Bonar Law ; nous aussi, nous comptons sur l’avenir pour prouver qu’en matière de politique continentale, notre clairvoyance, chèrement achetée, dépasse celle des insulaires britanniques. La situation actuelle rappelle, par certains côtés, celle de juillet 1914, mais nous avons confiance que, cette fois, l’Angleterre ne parlera pas trop tard. En attendant, plus nombreux chaque jour sont les Anglais qui estiment et qui écrivent, dans des lettres touchantes que publie le Daily Mail, que la France a raison, qu’elle travaille et qu’elle lutte, une fois de plus, pour l’Angleterre et pour l’Europe. C’est ce qu’a démontré lord Rothermere, frère du regretté lord Northcliffe, dans un admirable et puissant article dont le retentissement a été considérable. Des journaux comme le Times insistent sur les dangers qu’une résistance violente ferait courir à l’Allemagne ; le Manchester Guardian lui-même écrit, le 12, ces lignes : l’Allemagne déclare répudier toutes les obligations du Traité ; mais « une telle répudiation est absolument impossible, parce qu’elle justifierait toutes les mesures de répression de la part de la France, et qu’une révision du Traité, si nécessaire qu’elle soit, ne pourra en tout cas pas se faire sous la forme d’une dénonciation par l’Allemagne seule. » Les articles les plus venimeux contre la France et sa politique sont signés de M. Lloyd George ; ils ont produit, dans le public anglais, un si fâcheux effet que le Daily Telegraph a refusé de les publier, et que l’ancien Premier qui, décidément, ne grandit pas dans l’opposition, a dû s’adresser au Daily Chronicle qui n’en est pas plus fier pour cela. Le Times constate que, par la résistance de l’Allemagne, la question devient chaque jour davantage politique et militaire et qu’il faudra que le Gouvernement