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prussiens pangermanistes, tous subventionnes par le Gouvernement de Berlin, ainsi que de l’association « Heimatdienst, » qui ne cesse de provoquer à la haine, à la revanche, à la guerre immédiate.

3° Suppression de toutes les entraves au commerce et à l’agriculture imposées par Berlin et rétablissement de la frontière économique douanière à l’Est des territoires occupés.

4° Création d’une monnaie rhénane.

Les votes acquis, on procède à la nomination, par acclamation, des 70 membres de la Chambre économique, qui doit s’offrir à représenter les intérêts rhénans auprès de la Haute-Commission ; et enfin le chef du parti, remontant sur la scène, invite les 1860 délégués à se lever et à jurer, — en répétant mot pour mot la formule qu’il prononce, — dévouement absolu et fidélité inaltérable à la République populaire rhénane, libre, indépendante et neutre. Neutre ! Il appuie particulièrement sur ce mot et tous s’associent à cette insistance.

Neutre... Voilà, je crois, ce que nous devons retenir avant tout de cette belle manifestation de l’ardent désir d’indépendance qui anime les Rhénans. Rien, en effet, ne se peut mieux accorder avec les vœux d’une clairvoyante politique française que la constitution de l’Etat-tampon qui nous séparerait enfin d’une Prusse incorrigible dans ses visées de domination et d’une Allemagne centrale dont la moutonnière docilité est toute prête encore, peut-être, à lui servir d’instrument.

Plus indépendants d’esprit, plus fermes de caractère, plus rapprochés de nous par leurs ascendances, — gallo-romaines aussi bien que franques, — les Rhénans d’aujourd’hui nous appellent à leur aide pour que leur soit rendue la liberté de disposer d’eux-mêmes que le président Wilson réclamait pour tous les peuples opprimés. Entendrons-nous cet appel ? Il n’est pas interdit de le croire, depuis que nous avons nous-mêmes reconquis certaine liberté d’action...

En tout cas, les événements qui se préparent au moment où j’écris, feront naître probablement des occasions de satisfaire nos anciens compatriotes de 1793 à 1814. Ces occasions n’échapperont pas à la vigilance du Gouvernement de la République.


Contre-Amiral DEGOUY.