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presque tous catholiques, des catholiques qui ont subi le Kulturkampf, du temps de leur Bismarck.

« Et dans quelle situation nous ont-ils mis, nous et toute la vieille Allemagne ! Quelle guerre atroce, et comment conduite ! Quel désastre ! Et cette chute lamentable des Hohenzollern, et d’ailleurs de toutes les institutions monarchiques !...

« Or, ils veulent nous y ramener, les gens de Berlin, à ces institutions monarchiques ; ils prétendent nous imposer encore les Hohenzollern ; mais ce ne serait qu’après nous avoir fait passer par l’enfer communiste, afin d’obtenir le concours des Soviets russes et de l’armée rouge dans la guerre de revanche qu’ils méditent contre la France... de sorte, mes amis, que ce serait notre belle Rhénanie qui servirait de champ de bataille, cette fois... Et vous savez ce que cela signifie !

« La révolution, la servitude, une nouvelle vague d’horreurs, de dévastations et de destructions, voilà pour notre avenir, si nous n’en finissons pas au plus tôt avec le Reich prussien. Quant au présent, nous savons tous ce qu’il est : la ruine de l’Allemagne, conséquence d’une détestable politique, — la résistance obstinée à toute solution équitable de la question des réparations, — la banqueroute de l’Etat et la misère affreuse des particuliers, à l’exception, bien entendu, d’une bande nombreuse et puissante de pirates sans scrupules, les grands « capitaines d’industrie, » les fournisseurs du matériel de guerre, dont la fortune a décuplé, les grands banquiers et tous les manieurs d’argent... »

Mais il faut en venir aux faits précis, aux conclusions pratiques. Smeets n’y manque pas et il s’attaque d’abord à ce « haut-commissaire du Reich » auprès de la commission interalliée (le prince de Hatzfeld), qui devrait représenter les intérêts rhénans et qui ne représente que ceux de l’« Empire, » c’est-à-dire de la Prusse : « Que fait d’ailleurs à Coblence, dit-il, ce chef suprême des fonctionnaires prussiens ? Le traité de Versailles prévoyait-il que la Haute-Commission compterait un Allemand ? En aucune façon. Quelle est donc la signification exacte de cette complaisance surprenante des Alliés pour les intérêts berlinois ? Oh ! nous le savons, nous autres : c’est que, sous la pression des Puissances anglo-saxonnes, les Alliés ont laissé, bon gré mal gré, se resserrer, au lieu de s’élargir, les liens de l’unitarisme prussien. Et voilà comment nous subissons