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volontiers que sa base d’opérations est surtout du côté de la Meuse ; de quoi il faut bien tenir compte.

Le sacrifice, au demeurant, ne nous paraît pas si cruel. Ni mes collègues, ni moi ne recherchons les succès oratoires. J’aurais, pour ma part, certain embarras, — ayant fort oublié le peu d’allemand que j’avais appris dans mes voyages et aventures d’autrefois, — à dire très correctement les quelques mots de sympathie dont il était question tout à l’heure.


Il n’y a que 25 kilomètres, — en palier, — de Cologne à Bonn. Quand on n’a pas de bagages, on ne prend pas la voie ferrée, mais un bon et rapide tramway sur route, qui fait le trajet en quarante minutes, presque toujours le long du grand fleuve, tandis que le chemin de fer court un peu plus dans l’Ouest. M. Charles L.-S., notre aimable guide habituel, nous fait remarquer, d’abord le grand port fluvial de Cologne qui, peu à peu, rivalisera avec celui de Dusseldorf, puis les vastes docks, les entrepôts, les usines qui s’échelonnent le long de notre route : « Observez, dit-il, qu’il y a beaucoup de noms français sur les enseignes [1], » puis les nombreuses et belles villas, toutes neuves, que les grands commerçants et industriels de Cologne ont fait bâtir, depuis la fin de la guerre, sur les bords du Rhin.

— Avouez, messieurs, dit notre cicerone bénévole, que rien de tout cela ne sent la défaite, encore moins la ruine. Cologne grandit toujours et prospère. C’est le plus vaste « emporium » du centre et de l’Ouest de l’Allemagne, la distributrice et la régularisatrice de tout ce qui arrive par le Rhin et par l’éventail de voies ferrées dont elle est le centre. Le territoire de la Ruhr devenant trop étroit pour la complète utilisation sur place de ses ressources minières, beaucoup de « transformations » se font et se feront de plus en plus ici.

D’ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il existe sur la rive gauche du fleuve, dans la région dont Cologne est le naturel débouché, des mines importantes de charbon et de lignite [2],

  1. Bien plus frappante encore, à ce sujet, est l’étude du Bottin commercial et industriel de Cologne, — ou, si l’on veut, celle du répertoire des abonnés du téléphone. Les noms français y abondent. Ce sont ceux des descendants, non pas des protestants de 1685, mais des immigrés de la période de 1794 à 1815.
  2. Le centre de ce bassin est la ville, toute nouvelle et déjà puissante, de München-Gladbach, sur la Niers, affluent de la Meuse. Le bassin s’étend d’ailleurs au Sud.