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l’esprit de justice et la vigilance. Son journal, son organe essentiel, la Reinische Republik, n’est-il pas persécuté de toutes les façons, suspendu, interdit, ses abonnés dénoncés à la police, ses acheteurs au numéro obligés de se cacher... ?


Oui, mais, en définitive, que se passera-t-il demain, à Bonn ? Quels sont les espoirs du chef du parti des libertés rhénanes ?

— Espoirs, dit Smeets ? Non pas ! Certitude absolue d’un grand succès. Nous avons, dès maintenant, l’adhésion de 1 860 délégués représentant 800 et quelques communes, c’est-à-dire plus du double des délégués que nous réunissions pour la première fois en novembre 1921. Notre parti grandit tous les jours. La France, le jour de Faction venu, peut être certaine d’un résultat heureux, pour peu qu’elle nous aide...

— La France, dis-je en souriant, avec la Belgique...

— Assurément, répond Smeets en souriant, lui aussi, car il a parfaitement saisi l’allusion. Oui, je comprends, on vous a dit que je devais compter avec certaines susceptibilités. C’est vrai. Peut-être, à Aix-la-Chapelle, ne m’en suis-je pas avisé assez tôt. Aidez-moi, messieurs, à tout arranger en ne prenant pas la parole, cette fois. Le parti n’en saura pas moins ce qu’il doit aux efforts généreux et persévérants de votre comité...

— Mais, quelques mots de sympathie seulement ?...

Smeets réfléchit un moment. Sans doute il hésite à nous refuser cette petite satisfaction. Mais il doit y avoir des engagements pris...

— Non, vraiment, dit-il enfin. Je crois que le silence vaudra mieux. N’avez-vous pas un proverbe français qui affirme que le silence est d’or... quelquefois au moins ?

Il n’y a plus rien à dire, évidemment, d’autant mieux que notre hôte nous comble d’attentions et d’amabilités que nous sentons sincères. Il faut bien voir que, représentant plutôt la Rhénanie du Nord, — secteur belge, plus encore que secteur anglais, — il est obligé de garder les plus grands ménagements vis à vis de nos Alliés de Belgique. En langage militaire, je dirais