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cette heure, devrait déjà comprendre sa position et demander un congé ; tu pourrais trouver la manière aussi de le lui faire comprendre. Si puis, il te traitait d’une question tout à fait vitale, et de courte durée, j’enverrais aussi Cavour pour huit ou dix jours, pourvu que la question fût telle, sinon ce serait impolitique.

A présent je te parlerai un moment des événements, qui se présentent ici sur une échelle différente qu’en France. Les hommes et les événements poussent vers une solution à pas de géant, et je crois que je ne serai pas dans la possibilité de retarder longtemps la marche des choses. L’article du Moniteur fit un déplorable effet ; j’appelai les soldats sous les drapeaux, cela fit beaucoup de bien. Depuis, note écrite en Angleterre, par suite de la demande que nous fit le Cabinet britannique, pour savoir nos idées sur la manière d’améliorer le sort des Etats italiens par des concessions. Je pense que tu l’as vue, elle était dans le sens nécessaire. Après cela, le voyage de Lord Cowley à Vienne ; il y a déjà quatre jours que je savais trois bons résultats que croyait avoir obtenus l’Angleterre, et qu’elle m’envoya notifier mystérieusement par Hudson ; je ne t’en ai pas écrit, car j’ai cru que tu en savais plus que moi : le Prochain départ des troupes françaises et allemandes des États du Pape d’ici à douze mois ; 2° le Pape retournerait maintenant à ce qu’il avait promis en 47 ; 3° l’Autriche promettrait par traité au Roi de Sardaigne de ne pas l’attaquer.

Je pris la chose en riant, et M. Hudson, voyant que je me moquais de lui aussi gracieusement que je le pouvais, me dit que toute la responsabilité allait retomber sur moi. Je lui répondis que si elle retombait sur quelqu’un, elle retomberait sur qui avait violé les traités et pas sur qui les avait respectés constamment. Alors, il me dit qu’au moins je fisse faire par Cavour la promesse à l’Angleterre de ne pas attaquer, nous, l’Autriche ; je ris de nouveau et lui dis d’en faire la demande officielle. Il la fit. Nous profitâmes du fait pour faire la réponse à cette demande qui part aujourd’hui pour Paris : je crains bien que l’Empereur ne la trouve pas de son gré ; puis, elle doit aller à Londres, et être imprimée pour faire opposition à celle, très bête et menteuse, du comte Buol à Lord Malmesbury. L’Autriche vient de faire une demande officielle aux États italiens, pour savoir par eux s’ils en veulent encore des traités avec elle, ou