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pas 460 kilomètres. On perd beaucoup de temps aux formalités de la douane, aussi vaines que désagréables [1]. Mais on en perd davantage encore à l’arrêt de Liège qui est, normalement, de plus de deux heures, parce qu’on attend, là, l’express de Bruxelles à Berlin. Celui-ci, par surcroît, est assez fréquemment en retard. Nous profitons de l’arrêt de Liège pour aller voir la sympathique cité wallonne et admirer le magnifique palais de ses anciens princes-évêques. Le temps est pluvieux, malheureusement ; mais le 15 décembre, c’est déjà beaucoup de n’avoir pas de neige. Le soir d’hiver nous enveloppe de ses voiles humides et froids au moment où, reliés enfin au train de Bruxelles, — en retard de trois quarts d’heure,— nous entrons dans la pittoresque contrée de l’Herve et des Hautes Fagnes et suivons le cours de la Vesdre, si riante, en été, entre ses prairies et ses futaies. Tout cela se perd dans la fin d’un crépuscule pleurard et nous voilà à Herbesthal, la douane allemande. Une demi-heure après, c’est Aix-la-Chapelle, aux mille feux et, enfin, au bout de deux heures d’un bercement monotone sur une voie presque toujours en « palier, » ce sont les faubourgs de l’énorme Cologne.

A peine hors de l’immense « galerie des machines » qu’est la gare de la capitale rhénane, nous retrouvons ceux de nos amis qui nous y devaient recevoir : ces Messieurs avaient dû, de guerre lasse, aller souper au buffet.

Mais qu’est-ce donc que la colossale muraille, noyée dans un nuage gris, qui nous barre le passage au sortir du vestibule de la gare ? Encore ébloui par les lampes électriques, je ne reconnais pas tout d’abord la nef de la cathédrale : après vingt-huit ans écoulés depuis le moment où, entre deux trains, je visitais rapidement Cologne avec mon pauvre ami Delgüey de Malavas, — nous revenions de Glatz ! — je ne me rappelais plus qu’un des traits caractéristiques de la moderne Colonia Augusta Agrippiniensis, c’est qu’on y débarque tout juste au cœur de l’ancienne ville, au pied du célèbre « Dom, » lui-même entouré d’églises satellites fort curieuses, tout près de l’immense pont du Rhin,

  1. Ne pourrait-on créer des trains rapides où ne seraient admis que des voyageurs sans gros bagages, ou, du moins, qui les feraient expédier d’avance à destination, sauf à subir la visite au point d’arrivée. L’inspection des bagages à main est généralement assez prompte, sauf, bien entendu, — et pas toujours, heureusement, — à la douane française. Signalons le lamentable état des locaux douaniers à Erquelines, où les voyageurs obligés de prendre un billet français sont parqués d’une manière indécente.