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abandonner sa fille, car elle forme le bonheur de ce vieux capitaine.

— Pardon, maintenant, si je t’ai tant ennuyé ; si je l’ai fait, c’est que je connais ton bon cœur pour moi, et je sais que tu sais ce que c’est qu’une parole. Adieu, je t’embrasse de tout mon cœur, fais la même chose de ma part à ma chère fille que j’aime tant, et crois toujours à l’inaltérable affection de ton beau-père.

VICTOR-EMMANUEL.


Le comte de Cavour au prince Napoléon.


25 février 1858.

Monseigneur,

Ainsi que j’ai eu l’honneur de le faire savoir à Votre Altesse Impériale par le télégraphe, M. Nigra se rend à Paris, avec la réponse que nous comptons faire à l’Angleterre. Je prie de me faire savoir, le plus tôt possible, si l’Empereur et Votre Altesse Impériale l’approuvent. J’ai tâché de me tenir dans le cadre que Votre Altesse m’avait tracé dans sa dépêche télégraphique [1] . Seulement, Lord Malmesbury m’ayant interpellé, à mon grand étonnement, sur l’état des provinces soumises à la domination de l’Autriche, j’ai cru devoir lui répondre à cet égard avec la plus entière franchise.

M. Nigra rendra compte à Votre Altesse de l’état du pays. Je crois qu’elle en sera satisfaite. L’esprit, ici comme dans le reste de l’Italie, est excellent, ainsi que le prouve le nombre considérable de jeunes gens qui viennent de tous côtés s’enrôler dans nos régiments. Si, comme on me le mande de Rome, le Pape réclame la cessation de l’occupation austro-française, il est certain que le pays se déclarera en faveur de la politique sardo-française. Cela pourrait être avantageux, s’il n’était à craindre que les passions violentes qui fermentent en Romagne ne fissent explosion en causant des troubles et des désordres de la nature la plus grave. Il serait utile qu’à cet égard Votre Altesse me fit connaître les intentions de l’Empereur.

  1. Du 17 février.