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écrit, comme vous voulez y être. Je voudrais bien savoir de vos nouvelles.

Ne m’a-t-on pas dit dernièrement que votre neveu B. prétendait me connaître très particulièrement et se mêlait aussi de me calomnier, comme s’il était journaliste. Moi qui ne l’ai vu que sur le trottoir de Tours ! Il paraît que la province s’en mêle.

Adieu, soignez-vous bien ; pensez à ceux qui vous aiment, et reprenez ici toutes les tendresses que j’y mets. Ah ! j’aurais encore bien besoin d’un mois de calme à Angoulême ; mais je ne saurais y être sans la Dilecta que, malheureusement pour vous, vous ne connaissez pas.

Du 8 août au 8 septembre, je serai dans le petit pavillon de Nemours à me reposer en travaillant.

Adieu donc, vous que l’on a de la peine à quitter.

Dites-moi comment va Ivan.


La Dilecta, qui n’avait guère de tendresse pour les autres amies de Balzac, en particulier pour Mme d’Abrantès et de Castries, estimait à sa valeur le pur sentiment d’amitié qui unissait Balzac à Mme Carraud. Elle n’en était point jalouse et même l’encourageait. Ces deux nobles femmes cherchaient à se connaître, et Mme Carraud adopte d’enthousiasme le projet de recevoir Mme de Berny à la Poudrerie.


Le 2 août 1833.

Oui, certainement, cher, c’est un malheur pour moi de ne pas connaître l’ange qui veille sur vous ! Sans cela, serais-je encore à lui offrir de tenter l’hospitalité médiocre, mais bien cordiale, de la Poudrerie ? Si quelque chance d’être agréée m’était apparue, n’eussé-je point essayé de lui faire savoir combien était vif mon désir d’entrer en relation avec elle ?...

J’ai reçu votre dixain, et mon accusé de réception eût précédé votre lettre, si mille maudites indispositions, sans compter l’inspection, n’étaient venues m’assaillir. J’écris encore avec douleur ; cette préoccupation me suit, mais enfin j’écris, et vous devez être un des premiers à le savoir. Votre dixain est bien et beau. Mais rien ne vaut, et je dis plus, rien ne vaudra jamais en ce genre le Péché Véniel. Il y a un vernis de chasteté dans cette révélation des mystères d’amour, que vous devez sans doute à quelque inspiration du bon ange, Rien ne saurait être supérieur au Péché Véniel. Mirez-vous dans ces pages ; on n’a qu’une heure dans la vie pour en écrire de pareilles. Le reste