Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/644

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques jours auprès de sa sœur. Joignez à cela la santé de son cher fils, et le désir d’échapper à la grande corvée d’une fête annuelle établie à Frapesle [1] par son père, et vous saurez les causes qui nous déterminent à une prolongation de séjour à Limoges. N’ayez, cher ami, aucun tracas pour votre service ; ne vous mettez pas martel en tête, ni en quête pour avoir l’argent nécessaire à solder la traite des fabricants de porcelaine. Nous avons vu ce matin M. Nivet, et il vous prie de fixer vous-même l’époque à laquelle vous voudrez, ou pourrez payer. Écrivez à MM. Marchai, Nivet et Belut pour leur faire savoir votre intention à cet égard. Donnez-leur aussi les dimensions des deux pièces brisées ; vous recevrez tout cela avec votre toilette, que nous avons commandée.

Nous ne serons en Berry que mardi ou mercredi de la semaine prochaine.

Adieu ; ne m’oubliez pas dans vos adversités pécuniaires. Corps, âme et bourse, tout est à vous.

AUGUSTE BORGET.


Auguste vous a sans doute dit, mon cher Honoré, que nous nous étions occupés de ce que vous désiriez ici ; mais je suis sûre qu’il vous a tù son indisposition pendant le voyage. Plusieurs causes ont concouru à me faire séjourner ici plus longtemps que je ne l’avais arrêté, et le besoin qu’il avait de repos a été une des plus puissantes. Puis mon pauvre enfant a repris la fièvre ; cependant, d’après la marche qu’elle affecte, il est probable qu’elle l’aura quitté avant mon départ. Un médecin de grande réputation ici me conseille fort de l’emmener à Vichy ; je vais consulter Garraud, et je me déciderai d’après sa réponse. Et vous, ami, comment Paris vous a-t-il reçu ? Vous ne pouvez imaginer comment la médiocrité vous traite en province, soit qu’elle vous sublime ou vous ravale ! Mais Paris a une bonne et vraie affection à vous offrir [2]. C’est une plante de serre, que vous traitez trop en fleur sylvestre. Une amie, Honoré, et une femme qui n’a pas sa pareille !..

Dites-lui, si jamais elle désire savoir quelque chose de moi, que je l’aime de toute mon admiration ; que je l’aime de tout le bonheur qu’elle verse sur vous, avec cette même largesse que

  1. Le lundi de la Pentecôte, à Tivoli, près Frapesle.
  2. Mme de Berny.