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commune dans toutes les provinces belges, en facilitant rechange des idées et des sentiments, multiplie les rapprochements, les contacts, les sympathies, — et, pour tout dire, l’amitié nationale. Et voici un point sensible du problème, auquel il importe de s’arrêter un moment, ne fùt-ce que pour dissiper des malentendus ou des erreurs que la vivacité des polémiques a pu provoquer ou accréditer en dehors des frontières belges.


Rien ne permet de prêter à ceux qui poursuivent la « flamandisation » de l’Université de Gand un dessein séparatiste quelconque. Les plus qualifiés d’entre eux s’en sont toujours défendus avec énergie. Ils n’ont rien de commun avec un groupe d’activistes qui a pris le nom de « Frontpartij » et qui ne compte que quatre députés à la Chambre. Non seulement leur dévouement à l’unité nationale s’est manifesté pendant la guerre de la façon la plus loyale ; mais, avec une bonne foi entière, ils estiment et ils professent que l’attachement grandissant des populations flamandes à leur langue, la certitude qui leur sera donnée de pouvoir développer en cette langue toutes leurs ressources intellectuelles natives, l’essor nouveau que ces qualités connaîtront dans une atmosphère de plus en plus appropriée à leur originalité et favorable à leur expansion, contribueront à la solidité du patriotisme belge. « L’esprit de clocher, a écrit M. H. Lavedan, c’est l’école primaire du patriotisme. » La même idée se retrouve, avec des nuances diverses, dans les manifestations si variées des particularismes régionaux que connaissent tous les Etats contemporains, les plus grands comme les plus petits. Une conscience nationale commune n’exclut nullement des modes d’expression différents. Il est juste et il peut être utile de poursuivre en Belgique comme en Suisse, comme au Canada, comme dans l’Afrique du Sud et dans maints autres pays dépourvus de l’unité de langage, la consolidation du groupement commun par le respect des groupes secondaires.

Un autre reproche contre lequel les leaders du mouvement flamingant se défendent avec non moins de sincérité est celui de vouloir l’éviction du français en Flandre. Voici comment ils s’expliquent à ce sujet dans un de leurs manifestes :

« On ne s’imagine pas, disent-ils, un Flamand cultivé, ignorant la langue française au point de ne pouvoir la lire ou de