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dans l’intérêt, ni dans les vœux des populations flamandes.

« Depuis le Moyen âge, dit une pétition de l’Association indépendante de la jeunesse catholique flamande, il est de tradition dans nos provinces que la partie cultivée de la population se serve couramment de la langue française. Cette tradition n’exclut de Flandre, ni l’originalité dans les domaines artistique et intellectuel, ni l’esprit d’indépendance politique vis à vis de la France. De plus en plus notre peuple, laissé aux libres appréciations de son bon sens et de sa saine raison, donne sa sympathie à cette tradition féconde en résultats utiles et désire s’y associer, à condition qu’en toute matière on reconnaisse pleinement et effectivement les droits qu’il tient de sa langue propre. C’est cette même tradition que nous voulons maintenir, parce qu’en elle nous participons à la culture française, forme la plus indiquée pour nous de cette culture gréco-latine, qui, épurée et fécondée par le christianisme, peut être appelée la culture fondamentale de l’humanité civilisée. »

A ceux qui méconnaissent cette tradition ou qui veulent lui substituer l’unification linguistique, un publiciste catholique, M. F. Passelecq, auteur d’un livre excellent sur la Question flamande et l’Allemagne, a opposé avec vigueur les droits de la liberté et les principes constitutionnels qui garantissent à tous les Belges l’emploi facultatif des langues nationales : « L’exigence de la flamandisation de Gand, écrit-il, plonge ses racines dans une idée d’exclusivisme : effectuer par décret le nivellement de langue et de culture de la région flamande. Elle prend son point d’origine et d’appui dans la doctrine de l’unification flamingante de toute la Flandre ; elle consacre le système de substituer, en Flandre, l’option de la région à celle de l’individu dans le choix de la langue et du type d’éducation.

« Par suite, le fond de l’affaire de Gand, le voici. Ce n’est pas uniquement pour réserver aux Flamands flamandisants un centre universitaire sur quatre, et ménager, ce faisant, les finances de l’Etat, que l’on revendique pour soi seul celui de Gand : c’est surtout pour priver du leur les Flamands non-flamandisants. Ce n’est pas seulement pour doter la Flandre d’un enseignement supérieur flamand qu’on veut substituer à l’Université française une Université flamande : c’est surtout pour que dorénavant la Flandre n’en ait plus d’autre. »

La thèse exclusiviste, — qui se devine plus qu’elle ne se