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ces revendications. Au sein des assemblées délibérantes, des « noyaux » se sont formés pour en assurer le succès. Ils agissent sans relâche au cœur des divers partis politiques et surtout de la droite parlementaire, qui recrute dans les régions flamandes le meilleur de ses forces.


Parmi ces revendications, le principe de la création d’un enseignement supérieur en langue flamande, qui ne se confond pas nécessairement avec la « flamandisation » de l’Université de Gand, avait depuis longtemps cause gagnée.

En effet, de quel droit refuser aux Flamands la possibilité de se développer complètement, s’ils le veulent, dans leur langue maternelle ? A supposer que cette langue n’assure pas d’emblée à un tel enseignement supérieur nouveau tout le personnel scientifique, toute la documentation, toute la terminologie qui seraient souhaitables, c’est à eux d’en courir le risque, c’est à l’État de leur permettre d’en faire l’expérience. Au point de vue social, ajoutaient les promoteurs de cette réforme, comment contester l’utilité de combler le fossé qui sépare, dans les provinces flamandes plus qu’ailleurs, l’élite et les classes populaires ? Et comment combler ce fossé ? Comment établir un contact direct et bienfaisant entre les intellectuels et les autres ? Puisqu’il ne peut être question de plier les populations flamandes à l’usage du français, il faut donc que les classes aisées connaissent de mieux en mieux et emploient de plus en plus la langue des populations au milieu desquelles elles vivent. C’est ainsi que se relèvera le niveau général. Rien n’y contribuera mieux qu’une Université flamande...

Ces considérations ne rencontraient que peu ou point de contradicteurs, et les vérités qu’elles traduisent eussent abouti déjà à faire donner par l’État un enseignement supérieur flamand, si la prétention des leaders flamingants n’avait été et ne demeurait concentrée sur un objet précis : la « flamandisation » de l’Université de Gand. Toutes les autres solutions : création d’une Université nouvelle à Anvers ou même à Gand, en face de l’Université existante, — organisation de cours flamands à côté de cours français, — se heurtent auprès d’eux à une formule intransigeante : Gent of niets (Gand ou rien).


Dès le 31 mars 1911, cette formule avait été longuement et