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l’autorité allemande fit appel à un professeur de l’Université de Munich, le docteur von Dyck, qui fut officiellement chargé de mettre sur pied la nouvelle « Hoogeschool » et de recruter le personnel enseignant et le personnel enseigné qui lui faisaient également défaut. Pitoyable comédie que celle donnée par ce Geheimrat, dans sa mission de racoleur aux enchères ! Après avoir multiplié les marches, démarches et contremarches et essuyé les refus les plus humiliants, il parvint enfin à former, à prix d’or, une équipe hybride où quelques Belges dévoyés et déclassés voisinèrent avec beaucoup d’Allemands et peu de Hollandais, appartenant surtout au monde des privat-docent en besogneux et sans notoriété. Quant aux étudiants, — bien que les moyens les plus extraordinaires et les plus nouveaux fussent prodigués pour les attirer dans cet antre, — le professeur von Dyck, à l’ouverture des cours en octobre 1916, évaluait leur nombre à « quarante inscrits et trente environ qui se sont annoncés. » Telle une mascarade qui s’évanouit dès les premières lueurs de l’aube, toute cette « Ersatz-Universität » s’effondra comme par enchantement aux rayons précurseurs de la victoire des Alliés.


Le 21 janvier 1919, l’Université de Gand rouvrit solennellement ses portes. Son recteur, M. Paul Frédéricq, accablé par les souffrances d’une longue captivité (il mourut quelques mois plus tard), prononça une émouvante allocution de rentrée, rendant hommage aux étudiants revenus de la guerre et surtout à ceux « qui ne reviendront plus et qui dorment le sommeil éternel sous les petites croix de bois de nos champs de bataille. » Et bientôt, au Palais de l’Université nettoyé à grande eau, dans les auditoires, les laboratoires, les amphithéâtres aérés et désinfectés, la vie studieuse reprit son essor d’avant-guerre. Le statut actuel de l’Université de Gand groupe, non seulement les quatre Facultés (Philosophie et Lettres, Sciences, Droit, Médecine), mais aussi plusieurs institutions annexées à ces Facultés : l’Institut supérieur d’art et d’archéologie (rattaché à la Faculté des Lettres), l’École spéciale de Commerce (rattachée à la Faculté de Droit), l’Institut supérieur d’éducation physique, (rattaché à la Faculté de médecine). En dehors des Facultés, mais obéissant à la même autorité académique, l’Université