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Au même.


Turin, 13 février 1859.

Monseigneur,

Cette lettre sera remise à Votre Altesse par le marquis Monticelli, député génois, que le Gouvernement envoie à Paris pour y négocier l’emprunt de cinquante millions qui sera définitivement approuvé dans le courant de la semaine.

Le marquis Monticelli, ayant été plusieurs fois rapporteur du budget, est très versé dans les questions de finance et très apte à la mission qu’il vient de recevoir, il est muni de pleins pouvoirs, et ses instructions l’autorisent à conclure aux conditions qu’il jugera les plus convenables. J’espère que, grâce à l’appui de Votre Altesse, il réussira, d’une manière ou d’une autre, et que nous pourrons nous féliciter, avant la fin du mois, d’avoir résolu la question financière qui, certes, n’est pas la moins compliquée de celles qui nous occupent.

Je crois que, sous tous les rapports, ce qui nous conviendrait le mieux, ce serait de négocier l’emprunt d’une manière définitive, sans avoir recours à l’expédient chanceux d’une souscription publique. Nous n’aurions pas besoin de placer à Paris la somme entière de 50 millions, car il nous sera facile d’en négocier une partie dans le pays et à Livourne. Si une ou plusieurs maisons se chargeaient de 30 à 35 millions, le reste ne nous embarrasserait plus.

Messieurs de Rothschild nous ont fait dire qu’il étaient prêts à nous faire des offres. Ils ont appelé à Paris, en toute hâte, leur correspondant de Turin ; et tout me porte à croire qu’ils craignent de voir s’échapper de leurs mains le monopole qu’ils exercent, à l’égard de nos rentes, depuis grand nombre d’années. S’ils veulent se charger de l’emprunt à forfait, il sera facile de s’entendre avec eux ; mais, si, comme je le redoute, ils ne veulent se charger de l’affaire qu’en commission, alors il faut se tourner d’un autre côté.

La maison Saint-Paul nous a offert son concours. Plus entreprenante que les Rothschild, il est possible qu’elle se charge de ce que nous voulons placer à Paris.

Pour dernière ressource, il nous reste l’offre du Crédit mobilier que Bixio m’a transmise ; il faudra bien l’accepter, si on ne peut faire mieux. Seulement, je pense qu’on pourrait leur