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grandes concessions de notre part vis à vis de l’Autriche. A 9 heures du matin, tout a changé. Ai reçu billet suivant de l’Empereur :

« Les nouvelles de Vienne sont à la guerre. Je viens de donner des ordres pour mettre toute mon armée sur le pied de guerre. »

Viens de chez l’Empereur. Voici les détails :

Notre représentant à Vienne a écrit, dans la nuit, que l’Autriche refusait les propositions acceptées par tout le monde, et qu’elle avait expédié un envoyé à Turin pour vous poser un ultimatum de désarmement en vous donnant trois jours. L’Empereur vous prie d’attendre au dernier moment du délai pour répondre, afin de lui donner le temps de vous secourir.

Voilà mesures militaires que nous prenons :

Rappel de tous les hommes en congé.

Mise sur le pied de guerre de toute l’armée aujourd’hui.

Départ de Paris ce soir, par chemin de fer, de deux divisions pour l’armée de Lyon.

Division Bourbaki, près de 10 000 hommes, à Briançon.

Division Renauld, 10 000 hommes, à Grenoble.

3e division, 10 000 hommes, prête à entrer.

Les cinq autres divisions de l’armée de Lyon sont moins fortes (6 000 hommes), parce qu’elles ne viennent pas d’Afrique, et que les hommes en congé n’ont pas encore rejoint.

Cette armée divisée en deux corps : 1er commandé par Canrobert ; 2e par Baraguey d’Hilliers. — Commandant en chef pas encore nommé.

Nous ne savons encore rien d’Angleterre, ni de Prusse, sur effet produit par décision de l’Autriche.

Attendez attaque de l’Autriche qui sera, malgré tout, embarrassée et mettra, vis à vis de l’opinion publique, tous les torts de son côté.

A l’instant, il y a Conseil. J’insiste vivement pour un changement de ministère, mais je doute pouvoir l’obtenir. Je vous tiendrai exactement au courant de tout ce que je ferai. Faites-en autant, sans se préoccuper des répétitions.


Cavour répond aussitôt (le 21).

Reçu avec grande satisfaction votre dépêche.

Remerciez bien l’Empereur pour les mesures militaires.