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le comte Walewski lui donne une approbation complète.

Les mesures de rigueur augmentent au delà du Tessin. Des hommes marquants de la société ont été invités à ne plus paraître au théâtre. Le général Walmoden, qui est un assez bon homme, a fait prévenir la comtesse Giustiniani, que Votre Altesse a vue à mon bal, de ne pas retourner à Venise.

Malgré ces mesures, la tranquillité ne sera pas troublée jusqu’au jour où il faudra agir.

L’élection du colonel Louxe par l’Assemblée valaque est un immense événement. C’est le triomphe de la politique de la France et de la Sardaigne en Orient. Si la Turquie ne veut pas le reconnaître, et invoque l’appui de l’Autriche, il pourrait surgir une cause de rupture qui mettrait fin à toutes nos difficultés. J’espère que l’Empereur soutiendra la légitimité de l’élection qui n’est nullement contraire aux stipulations de la convention de Paris.

J’ai été heureux d’apprendre l’heureux voyage de Votre Altesse et de la Princesse son épouse. L’accueil chaleureux qu’elles ont reçu, de Marseille à Paris, est une réponse victorieuse que le peuple français a faite aux détracteurs du mariage qui vient de mettre le sceau à l’alliance de nos deux pays.

Je prie Votre Altesse d’agréer l’hommage du respectueux dévouement avec lequel je suis de Votre Altesse Impériale le très humble serviteur.

C. CAVOUR.


Au même.


Turin, le 10 février 1859.

Monseigneur,

Je prends la liberté d’envoyer à Votre Altesse quelques copies du discours que j’ai prononcé à la Chambre des députés, à l’occasion de l’emprunt de 50 millions. Mes adversaires n’ayant fait aucune allusion, ni directe, ni indirecte, à l’existence d’un traité d’alliance avec la France, j’ai cru convenable d’éviter de parler de nos bonnes relations avec ce pays, afin de ne pas susciter des interpellations compromettantes. J’ai eu en vue surtout d’agir sur l’opinion publique en Angleterre. Dans ce but, j’ai prodigué aux Anglais plus d’éloges qu’ils ne les méritent peut-être ; mais c’était nécessaire pour leur faire accepter quelques vérités tant soit peu dures. Si l’Empereur était assez bon pour user des