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Vu l’Empereur. Marquis d’Azeglio a communiqué même nouvelle ce matin. L’Empereur ne veut pas croire à attaque de l’Autriche si soudaine, si prochaine. Nouvelles reçues d’Angleterre sur effet de la proposition de vous admettre au Congrès, assez favorables, sans cependant être décisives. J’ai vu dépêche de Pélissier ; nous n’aurons nouvelles certaines de la conduite de l’Angleterre que demain après Conseil qu’ils doivent tenir à Londres avant d’aller au Parlement. L’Empereur m’a assuré que les ordres étaient donnés à Bourbaki, à Briançon, pour se tenir tout prêt. Il est parti de Paris avant-hier. Il y a, outre cette division, deux autres, très fortes, toutes prêtes aux environs de Lyon. Le général La Marmora doit s’être entendu avec l’officier envoyé pour détails militaires.

Ecrivez-moi quel plan stratégique vous avez arrêté en cas d’attaque. Défendrez-vous Turin et position sur la Dora ? Commandement de votre armée est-il organisé et fonctionne-t-il ? Où est votre Grand Quartier Général ? Ce commandement me parait indispensable.

Ecrivez-moi tous les jours une ou deux fois, pour donner tous les détails sur mouvements autrichiens.


Cavour répond le 18 :

Le prince de La Tour d’Auvergne m’a engagé, au nom du comte Walewski, à accepter principe désarmement avec admission au Congrès, simplement pour discuter application du principe en annonçant guerre en cas de refus. Impossible accepter sans nous déshonorer. Nous sommes prêts à nous défendre, mais indispensable que Empereur envoie ordres pressants à l’armée, car il y a encore peu de troupes à Briançon. Gouvernement de Toscane s’est décidé pour neutralité. Croyez-vous bon que nous demandions tout de suite alliance éventuelle ? Quelles instructions aurait dans ce cas ministre de France ?


Le 19, à une heure un quart, le Prince répond, acceptant la suggestion de Cavour :

Reçu dépêche d’hier, cinq heures du soir.

Je l’ai envoyée tout de suite à l’Empereur d’où je sortais, avec une lettre pour me plaindre de ce qu’il me faisait écrire que vous seriez admis sur le pied d’égalité avec les grandes Puissances au Congrès, en admettant principe de désarmement, tandis que Walewski vous faisait dire que vous ne seriez admis