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ce que vous m’écrivez. Il comprend extrême gravité de la situation. Hier soir et ce matin, rien encore décidé. A l’instant, reçois ordre de vous envoyer communication suivante : « Veux-tu répondre au Roi que demain je prendrai une décision que je te ferai connaître ; qu’en attendant, je vais choisir un officier pour lui envoyer. »


Le 11, à huit heures du soir, le Prince télégraphie :

L’Empereur attend une réponse de Vienne sur les armements pour rappeler nos hommes en congé (125 000 hommes).

En attendant, notre armée à Lyon se renforce.

Il envoie chez vous un officier d’état-major, M. Saget.

Envoyez-moi sans retard M. Nigra, en attendant M. Azeglio ; il manque beaucoup ici.


Mais Cavour, qui presse le mouvement, télégraphie, le 12 :

Marquis Villamarina écrit que comte Walewski a admis en principe désarmement simultané de France, Sardaigne, Autriche. Impossible pour nous d’accepter sans garantie rempart de la liberté de la rive droite du Pô et du principe non intervention ; je pense ayant été France ne peut, sans manquer aux engagements envers nous, accepter d’autres conditions ; impossible renvoyer volontaires avant issue finale du Congrès. Veuillez soumettre ce qui précède à l’appréciation de l’Empereur.


Le 13, à 6 heures et demie de l’après-midi, le Prince télégraphie :

Reçu dépêche d’hier soir.

Ni l’Empereur qui me charge de vous écrire « que le principe du désarmement admis ne concerne que les cinq grandes Puissances allant au Congrès. C’est une retraite déguisée pour l’Autriche. La France n’a voulu s’engager à aucune démarche dans ce sens vis à vis de la Sardaigne qui reste libre. On ne sait pas encore ce que répondra l’Autriche, et si elle accepte Congrès dans ces conditions. Depuis vingt jours, ministre de la Guerre a prévenu M. Villamarina, 20 000 fusils étaient prêts pour le Piémont, à Grenoble, en demandant que vous les fassiez prendre. Hier seulement, votre ministre a répondu en remerciant, sans donner d’autre indication.

J’ajoute personnellement que cette réponse de l’Empereur prouve que tout se fait par équivoque, rien franchement et clairement. Il est évident pour mdi que l’Autriche refusera une promesse