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Le 22 mars, à sept heures et demie du soir, il télégraphie :

Je sors de chez l’Empereur qui me charge de vous écrire que l’article du Moniteur de ce matin, dans la partie non officielle, est une simple énonciation de nouvelle et non une déclaration précise des principes adoptés par la France. L’Empereur est prêt, sur vos réclamations, à accepter dans le Congrès les représentants de la Sardaigne et des autres Etals souverains de l’Italie ; c’est une satisfaction pour vous.

La France va insister pour faire admettre ces représentants par l’Angleterre et la Russie au Congrès. Vous êtes autorisé à faire connaître et vos réclamations et la probabilité de les voir admises, soit dans un article de votre journal officiel, soit par une déclaration à la tribune, modérée, mais formelle. Cela vous sera d’un grand secours sur l’opinion en Italie. Dans quelques jours, le Moniteur ici dira la même chose.

L’Empereur a vu et approuve cette dépêche.

Répondez ce que vous ferez.


Le 23, Cavour répond :

L’Empereur, en nous mettant sur le même rang que Modène et la Toscane, empire notre position déjà déplorable. Annonce Congrès commencé porter ses fruits. Ministère Toscane, qui hésitait, s’est décidé pour système réaction, a aboli la liberté de la presse politique. Demain, je prendrai les ordres du Roi.


Le même jour (23 mars), le Prince télégraphie :

Nigra chez moi en sortant de chez l’Empereur. J’ai eu l’idée de proposer votre arrivée à Paris. Cette idée est adoptée et approuvée par l’Empereur. Venez donc tout de suite, sans perdre une heure. Effet sera très bon sur nos amis, et abattra nos ennemis. N’hésitez pas, c’est un coup décisif. Donnez grande publicité à votre voyage. Dites que c’est pour vous concerter avec la France sur la conduite à tenir au Congrès où vous irez représenter le Piémont. Ici, vous aurez grande influence et tout peut encore tourner à votre avantage. Dites que vous êtes invité par l’Empereur à venir le voir. Nigra vous a déjà écrit. Je joins mes prières aux siennes ; si vous partez demain soir, 24 mars, nous vous attendons le 26 au matin.

Venez et prévenez-moi par le télégraphe. Cette démarche est de la dernière importance. Venez.