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le soleil se lève. Nous distinguons par instants la surface du lac Titicaca comme un brillant miroir.

A Puno, ville de 15 000 habitants, la population se trouve augmentée par celle des campagnes environnantes et manifeste avec chaleur. Nous sommes solennellement reçus à la Préfecture le matin, à la Municipalité et au Cercle le soir. Le Préfet a l’amabilité de nous inviter à déjeuner avec quelques-uns de ses administrés, et nous prenons ainsi le contact avec les industriels, les ingénieurs des mines, les propriétaires de la campagne. Son département est le plus peuplé du Pérou (450 000 habitants) et très intéressant par la variété de ses productions. On nous montre des amazones intrépides, qui ont fait dix lieues pour assister à notre arrivée ; les sports sont en honneur et l’on chasse beaucoup, à tel point que la vigogne, qui donne de si belle fourrure, serait menacée de disparition. Aussi la chasse en est-elle interdite. Je demande si cette interdiction a beaucoup d’effet ? — « Un grand effet... considérable... Quand on chasse la vigogne, on n’invite pas le Préfet. »

Je visite un régiment d’infanterie et je cause avec des officiers ; on me conduit aussi dans une école primaire et dans un collège, très bien tenus, disposant de cartes murales, collections minérales et animales, en somme un matériel scolaire bien compris.

La cathédrale, du XVIe siècle, — Puno est un évêché, — est un édifice très curieux, où le style espagnol a été interprété par les sculpteurs indiens de façon vraiment originale.

Dans la population indienne, qui tient marché sur ses marches et aux abords, se mélangent les Quetchuas du Pérou et les Aymaras qui habitent surtout la Bolivie. Les Aymaras sont de plus grande taille, ils paraissent plus vigoureux que les Quetchuas ; ils sont moins faciles à gouverner, et il y a de temps en temps des troubles assez sérieux sur les confins de la Bolivie.

Mais la nuit vient. Nous allons nous embarquer dans un petit vapeur de 150 tonneaux, le Gavari, où de confortables cabines nous sont réservées. C’est seulement au retour que nous pourrons contempler le lac.


Général MANGIN.