Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/545

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le vent régnant avec force pendant les hivers chauds ; cette forme singulière les fait ressembler à des épaulements pour pièces d’artillerie. Puis nous retrouvons les rochers, et bientôt nous abordons une seconde marche abrupte que la voie gravit en longues courbes, — et nous voici à flanc de coteau, et dans le bas des pentes se montrent des cultures verdoyantes et même quelques usines.

La marche est bientôt gravie, et nous voici sur le second plateau, qui porte Arequipa, où nous arrivons.

Les autorités nous attendent sur le quai de la gare, à quelque distance de la ville, bâtie au pied d’El Misti, qui se dresse entre le Chachani et le Pichu-Pichu, dont la pourpre du couchant enflamme la neige. Mais nous ne pouvons nous arrêter devant ce spectacle magnifique. La foule nous attend avec impatience et acclame l’ambassade française ; les sociétés de gymnastique, les élèves des écoles, des boys-scouts très nombreux, forment la haie sur le passage de nos automobiles, qui vont au pas ; nous entrons dans la ville bâtie à cheval sur la rivière Chile, qui serpente au milieu d’un très large lit de cailloux bleus ; nous passons un pont aux arches anciennes et nous nous arrêtons devant le vieil hôtel de ville, où nous reçoivent la municipalité et le Préfet.

Le soir, grand dîner où figure Son Excellence le Nonce apostolique, qui ne manque pas, dans sa réponse au toast du Préfet, de rendre à la France un hommage très remarqué. Monseigneur Pietropaoli est en tournée et revient de Cuzco ; il a été accueilli partout avec la plus grande vénération.

Le lendemain, toute la garnison est sous les armes sous le commandement du colonel de la Jara. Je passe en revue un régiment d’infanterie et un régiment d’artillerie de campagne de très bonne tenue ; tous se rendent à l’inauguration du monument élevé à Mgr de la Goyaneche, qui occupa longtemps le siège épiscopal d’Arequipa. Il reconstruisit la cathédrale détruite par un tremblement de terre en 1868 ; elle s’allonge sur un côté de la belle Plaza de Arenas, qu’elle occupe presque entièrement, de telle sorte que le portail se trouve sur les bas-côtés de la nef ; les deux tours sont assez éloignées l’une de l’autre et l’ensemble de l’édifice offre un caractère assez particulier ; l’intérieur rappelle celui de notre église de la Madeleine.

Nous visitons également un hôpital très bien tenu, que