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se dévoue avec une si généreuse ardeur, je la prierai de me permettre de lui écrire directement de temps en temps, soit pour la tenir au courant de ce qui se passe en Italie, soit pour réclamer ses conseils. Mes lettres lui parviendraient par l’entremise du frère de M. Nigra, qui m’apporterait de même celles que Votre Altesse pourrait daigner m’écrire, sans que personne au monde ne pénètre le secret de cette correspondance.

Je suis avec respect, de Votre Altesse Impériale, le très obéissant serviteur.

C. CAVOUR.


Au même.


8 novembre 1858.

Monseigneur,

Les sentiments que Votre Altesse Impériale manifeste dans la lettre qu’elle a bien voulu m’adresser, les paroles si bienveillantes qu’elle a daigné y ajouter, me pénètrent de la plus vive reconnaissance. Je désire ardemment que les circonstances me permettent de la prouver par des faits. En attendant, que Votre Altesse soit persuadée que, dès à présent, je confonds dans mon dévouement et mon respectueux attachement, Votre Altesse avec la famille de mes Rois [1] .

J’ai appris avec le plus grand plaisir que le projet pour amener la rupture a plu. Je dois en grande partie ce succès à Votre Altesse, car c’est elle qui m’y a fait la modification essentielle qui rend sa réussite à peu près certaine. Dès que son adoption sera définitive, j’apporterai tous mes soins à en préparer l’exécution.

Le Roi attend, avec une vive impatience, le résultat de la mission de l’individu que l’Empereur a envoyé en Russie pour y signer le traité que Votre Altesse avait à peu près conclu. Le Roi pense toujours qu’il serait du plus haut intérêt que le Piémont y participât directement. Il compte, pour l’obtenir, sur l’amitié de l’Empereur et aussi sur l’intérêt que vous portez à sa cause qui, ainsi que Votre Altesse le dit, est maintenant la sienne. Ces sentiments lui inspirent une telle confiance qu’il est sans inquiétude à cet égard.

Puisque Votre Altesse le juge nécessaire, M. Nigra se rendra à Paris, à l’époque qu’elle a indiquée. Ce voyage n’a qu’un seul

  1. Le mariage du prince Napoléon avec la princesse Marie-Clotilde, décidé à Plombières en juillet 1858, fut célébré à Turin, le 30 janvier 1859.