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de l’Italie et la gloire du Piémont. La mission de Varsovie que Votre Altesse Impériale a remplie avec une qi rare habileté contribuera immensément au succès de cette entreprise. Le concours du Tsar, quand même il se bornerait à empêcher l’immixtion de l’Allemagne dans nos affaires, assure, à mon avis, le résultat de la guerre ; en nous le procurant, Votre Altesse a rendu à notre cause le plus grand de tous les services.

M. Nigra m’a fait connaître l’opinion de Votre Altesse sur la cause qui devra amener la rupture avec l’Autriche. Profitant de ses conseils, j’ai modifié, dans le sens des idées de Votre Altesse, le projet primitif qui avait été arrêté à Plombières. Je lui serai très reconnaissant si Votre Altesse parvient à faire accepter ces modifications à l’Empereur que le Roi, de son côté, a pleinement approuvées. Quelle que soit la décision de l’Empereur, il est essentiel qu’il nous la fasse connaître au plus tôt, afin d’avoir le temps de préparer les éléments qui doivent assurer le succès du plan qui sera définitivement adopté.

Il est de même urgent que le général Niel, ainsi que l’Empereur l’a décidé, vienne à Turin pour concerter, avec le général La Marmora, les premiers préparatifs à faire. Car il se pourrait qu’avant l’époque que nous aurions arrêtée, les événements d’Orient nous fournissent une cause légitime, aux yeux de la diplomatie, pour déclarer la guerre à l’Autriche. En effet, si cette Puissance, contrairement aux stipulations du Traité de Paris, intervenait seule en Turquie, la France et la Sardaigne seraient pleinement en droit d’intervenir en Italie. Nous devons, je le pense, nous préoccuper hautement de cettAAVOUntualité qui peut se réaliser d’un moment à l’autre. La prudence exige que nous nous mettions sans retard en mesure d’en profiter. Si, comme je l’espère, Votre Altesse partage cette opinion, j’ose compter sur elle pour faire que les décisions de l’Empereur ne souffrent aucun retard dans leur exécution.

Je regrette fort que des considérations, dont je ne saurais méconnaître la gravité, soient cause que Votre Altesse ait remis à une autre époque son voyage en Piémont. Je conçois toutefois que Votre Altesse préfère venir ici pour tout conclure à la fois. Cette circonstance me mettant dans l’impossibilité de conférer avec Votre Altesse sur une foule de questions de la plus haute importance pour le succès de la cause à laquelle Votre Altesse