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lumière et que, pour en faire le tour en 85 000 ans, les particules matérielles situées à la distance considérée de son centre devraient avoir une vitesse linéaire de plus de 200 000 kilomètres à la seconde. Or le spectroscope décèle dans les nébuleuses analogues, que ces particules ont en fait des vitesses d’environ 300 kilomètres par seconde, 700 fois plus faibles que celle à laquelle conduit le calcul précédent. Donc l’hypothèse des Univers-Iles sur laquelle repose ce calcul serait absolument inconciliable avec les faits d’observation.

C’est sur ce résultat annoncé par van Maanen que beaucoup d’astronomes se sont crus fondés à rejeter l’hypothèse des Univers-Iles. Mais si on admet comme incontestable ce résultat de van Maanen, les contradictions se lèvent en foule.

Il existe une formule simple bien connue en mécanique céleste et qui établit une relation entre la durée de la rotation d’une particule décrivant une orbite circulaire et la masse centrale. En utilisant la parallaxe déduite des mesures de van Maanen pour la nébuleuse M 101, on trouve ainsi que la masse centrale sous l’influence de laquelle la particule considérée ci-dessus décrit son orbite en 85 000 ans est égale à 140 millions de fois la masse du soleil.

Cela représente le sixième ou le septième de la masse totale de toute la Voie lactée. Comment est-il possible qu’une masse de matière aussi formidable existe à une aussi faible distance de notre agglomération stellaire sans avoir sur elle une profonde influence ? Or les étoiles galactiques ne montrent aucun indice d’une telle influence.

Ce n’est pas tout. Des données qui viennent, — en partant des résultats numériques de van Maanen, — d’être obtenues relativement aux dimensions et à la masse de la nébuleuse M 101, nous pouvons facilement (en faisant des hypothèses vraisemblables sur l’épaisseur de l’astre, que nous pouvons supposer égale au cinquième ou au sixième de sa largeur) calculer sa densité moyenne. On trouve que celle-ci est si faible qu’elle est tout au plus d’une ténuité cométaire. Cette masse nébulaire incandescente devrait donc donner un spectre de raies brillantes et non pas un spectre continu du type solaire. Admettra-t-on qu’elle n’est pas homogène, mais formée de petits objets séparés où les gaz sont concentrés à très fortes pressions ? Mais toutes les recherches récentes de la dynamique stellaire démontrent qu’il ne peut pas exister de corps beaucoup moins massifs que le soleil et pouvant donner un spectre du type solaire. La nébuleuse, d’autre part, ne peut pas être une masse homogène émettant