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questions, frappé par la grandeur des mouvements de rotation que le spectroscope révélait dans les nébuleuses spirales, s’est demandé si cette rotation rapide n’était pas de nature à modifier de façon sensible, au bout de quelques années, la configuration de certaines d’entre elles. Puisqu’elles tournent relativement vite et puisqu’elles n’ont pas une forme homogène de révolution (comme aurait une sphère ou un ellipsoïde), elles doivent nécessairement, au bout d’un temps écoulé suffisant, présenter une autre face, une figure différente à l’observateur éloigné.

M. van Maanen a examiné de ce point de vue les clichés, pris à plusieurs années d’intervalle, de plusieurs (quatre, si je ne me trompe) nébuleuses spirales. Or, d’après les mesures faites sur ces clichés par cet astronome, ceux-ci auraient décelé un déplacement, un mouvement centrifuge assez net, le long des tranches de ces spirales.

Considérons, par exemple, une des nébuleuses étudiées M 101. On admet, d’après les mesures spectroscopiques faites sur des nébuleuses semblables à celle-ci (mais se présentant par la tranche, tandis que celle-ci nous présente en plan le développement de ses spires), qu’à une distance du centre égale à 5 minutes d’arc, la vitesse linéaire de rotation est de 300 kilomètres, ce qui est d’un ordre de grandeur vraisemblable. D’autre part, selon les mesures faites par van Maanen sur ses clichés, les points situés à cette même distance du centre se seraient déplacés annuellement de quantités égales à 4 millièmes de seconde d’arc en ascension droite, et d’une quantité triple en déclinaison. Étant donné que la vitesse linéaire de rotation est connue (et voisine, nous venons de le dire, de 300 kilomètres par seconde), on en déduit facilement combien de kilomètres représentent les légers déplacements annuels observés sur des clichés. On en conclut facilement qu’une distance angulaire d’une minute d’arc correspond dans cette nébuleuse à un peu moins de 3 ans de lumière, que sa durée de révolution est 85 000 ans et que la distance qui nous en sépare est 10 000 années de lumière environ.

Ce résultat place cette nébuleuse en plein dans la Voie lactée. Il est facile de voir par un raisonnement que, si ce chiffre est exact, il est absolument incompatible en ce qui concerne cette nébuleuse avec la conception des Univers-Iles. Considérons en effet cette nébuleuse comme étant une Voie lactée dont le diamètre apparent de 15 minutes d’arc environ correspond à un diamètre réel de 30 000 années de lumière. On en conclut que sa distance serait égale à 7 millions d’années de