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extrême, un mur infranchissable, un record que rien jamais ne pourra battre. Il faut savoir se contenter de peu.

Bref, les nébuleuses spirales ont des vitesses radiales considérables et comme il n’y a aucune raison, — en dehors d’un géocentrisme ridicule et périmé, — de supposer que le mouvement de ces objets célestes est toujours exactement dirigé suivant le rayon qui les joint à nous, il s’ensuit nécessairement que les nébuleuses spirales doivent se déplacer considérablement sur la voûte céleste. Nous verrons tout à l’heure l’importance de cette remarque.

Si le spectroscope permet de mesurer la vitesse radiale d’un objet céleste étendu, il est clair qu’il permet, avec bien plus de sûreté encore, de déterminer son mouvement de rotation. Si on projette les deux bords équatoriaux diamétralement opposés du soleil sur la fente d’un spectroscope, on observe que les raies des métaux provenant du bord qui, dans sa rotation, vient vers nous sont déviées vers le violet ; les raies provenant de l’autre bord qui s’éloigne de nous sont déviées vers le rouge. L’écartement qui sépare les unes et les autres fournit immédiatement la vitesse linéaire de l’équateur solaire, c’est-à-dire sa vitesse de rotation.

La même méthode a été appliquée aux nébuleuses spirales, depuis quelques années, notamment par Pease et Van Maanen. Elle a montré que beaucoup de nébuleuses spirales ont une rotation très notable et qui se fait dans le sens opposé aux spires, ainsi qu’on pouvait s’y attendre. Par exemple, dans la nébuleuse N. G. C. 4 594, qui est une spirale qui se présente à nous par la tranche, on observe une composante radiale de la vitesse de rotation de 330 kilomètres par seconde à une distance angulaire du noyau de la nébuleuse égale à deux minutes d’arc. (Rappelons pour fixer les idées que le diamètre angulaire de la lune ou du soleil est d’environ trente minutes d’arc.)

Le spectre des nébuleuses spirales se présente comme l’accumulation de spectres d’étoiles, ces étoiles devant le plus souvent appartenir aux classes spectrales qui, dans la classification de Harvard College, sont désignées par les lettres F et G, qui correspondent à des étoiles physiquement voisines de notre soleil ou un peu plus chaudes.

Parmi ces faits, il en est un qui a été longtemps considéré comme excluant l’hypothèse des Univers-Iles, et comme prouvant que les nébuleuses spirales ne sont que de modestes annexes de la Voie lactée, c’est-à-dire des objets relativement rapprochés et peu