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deux branches qui se développent sensiblement dans le même plan. Ces deux branches émanent diamétralement d’une condensation centrale, d’un noyau de forme lenticulaire. Les spires de la nébuleuse s’élargissent et tendent à se fragmenter à mesure qu’elles s’écartent du noyau, et on y trouve parfois des sortes de nœuds de condensation.

On connaît le principe des « vitesses radiales » que j’ai déjà eu l’occasion d’exposer ici même, et qui consiste dans ce fait que lorsqu’une source sonore ou lumineuse émet des ondes d’une longueur donnée, ces ondes, lorsque la source s’approche de l’observateur, paraissent raccourcies d’autant à l’observateur qui les reçoit ; elles lui paraissent, au contraire, plus longues, lorsque la source s’éloigne de lui. C’est ce qui produit le phénomène qu’ont pu constater tous ceux qui ont fait la guerre : le sifflement d’un obus correspond à une certaine hauteur du son, tandis qu’il s’approche, et ce son devient soudain beaucoup plus grave lorsque l’obus, ayant passé juste au-dessus de l’observateur, continue dans l’air sa course en s’éloignant de lui. La même chose ayant lieu pour la lumière, les raies spectrales d’un métal donné sont déviées vers le violet (ondes plus courtes) lorsque la source s’approche, vers le rouge (ondes plus longues) lorsqu’elle s’éloigne.

Or, cette méthode, appliquée récemment aux nébuleuses spirales, notamment par M. Slipher, a montré qu’un grand nombre de ces astres ont, par rapport à la terre, au soleil, à la Voie lactée, des vitesses radiales considérables. C’est-à-dire qu’elles s’approchent et plus souvent s’éloignent de nous très rapidement. Qu’on en juge : un grand nombre de vitesses radiales mesurées sont de 800 à 1 000 kilomètres par seconde. Ce sont des vitesses radiales bien supérieures à celles, — même les plus élevées, — qu’on avait observées parmi les étoiles de la Voie lactée. La plus grande vitesse observée ainsi est, d’après M. Mac Laughlin, celle de la nébuleuse N. G. C. 584 (c’est-à-dire n° 584 du New General Catalogue), qui a une vitesse radiale de 1 800 kilomètres par seconde. Cela fait du 6 millions et demi de kilomètres à l’heure. C’est beaucoup à côté des pauvres vitesses qu’ont pu réaliser nos constructeurs de véhicules et même nos balisticiens. C’est quinze cents fois plus que la vitesse des gros projectiles de nos plus modernes cuirassés. C’est peu pourtant à côté des vitesses des projectiles cathodiques et surtout à côté des 300 000 kilomètres par seconde de la lumière. Il est vexant pourtant de songer que les onze cents millions de kilomètres à l’heure de celle-ci sont une limite