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LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES

UN HUMORISTE SICILIEN
LUIGI PIRANDELLO [1]

Trois cent soixante-cinq contes, un conte par jour pendant tous les jours de l’année : au total, douze mois ou vingt-quatre volumes de nouvelles, — le moment paraît bien choisi, à l’heure où M. Pirandello réunit en un corps d’ouvrage les récits qu’il a publiés en trente ans de vie littéraire, pour tenter le portrait de cet extraordinaire conteur. M. Pirandello est en effet une des figures remarquables de l’Italie contemporaine. Il a écrit des vers, des romans, du théâtre. Il est l’écrivain dont on parle le plus dans son pays, l’écrivain discuté, mais toujours écouté, qui est en Italie le maître de la scène. Il a réussi à créer un répertoire original, qui a conquis la place, débarrassé les planches de la pièce scandinave et de la pièce parisienne. Ses « premières » sont des batailles, mais des batailles gagnées. Il irrite, scandalise, mais intéresse toujours. Avec tout cela, cet auteur dramatique célèbre est-il surtout homme de théâtre ? Quand on a écrit trois cents contes, c’est qu’on y prend plaisir et qu’on est né conteur. Il est évident que c’est là, dans ce souple talent, la faculté maîtresse. Il est probable que c’est dans

  1. Luigi Pirandello. Œuvres complètes, en cours de publication chez Bemporad, Florence : Novelle per un anno, 4 volumes parus ; Théâtre, 4 volumes ; Il fù Mattia Pascal, roman, 1 volume. Feu Mathias Pascal, traduction de M. Henry Bigot. Calmann-Lévy, 1910.