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monde depuis la fin de la guerre. Il nous suffit de remarquer que la marine française, qui avait toujours bénéficié d’une protection légale, est aujourd’hui la seule qui soit, avec la marine anglaise, livrée à elle-même en présence de marines concurrentes recevant de leurs Gouvernements des encouragements plus ou moins directs.

Mais la position de la marine marchande française ne saurait être comparée à celle de l’Angleterre. Celle-ci jouissait de ce privilège de transporter, en 1913, les neuf dixièmes du trafic entre les diverses parties de l’Empire britannique et plus des trois cinquièmes des échanges entre l’Empire et les pays étrangers. En outre, les navires anglais absorbaient le tiers du commerce maritime des nations étrangères. La marine anglaise disposait à cet effet de 21 millions de tonnes de jauge brute, soit 40 pour 100 du tonnage total. Quant au mouvement maritime de la Grande-Bretagne, il se chiffrait en 1913 par 150 millions de tonnes métriques. A côté de cette activité formidable, le poids total de notre commerce extérieur par mer n’atteignait que 40 millions de tonnes. Sur cet ensemble, la part réservée au pavillon national était loin d’être prépondérante. Si l’on examine en effet le mouvement de la navigation en France, entrées et sorties réunies, on se rend compte qu’à aucun moment la proportion du pavillon français, dans la navigation de concurrence, n’a dépassé 26 pour 100. Elle était de 5 500 000 tonneaux en 1890 sur un total de 20 millions de tonnes de navires, entrés et sortis.

En 1900, alors que le tonnage français n’avait pas augmenté, le mouvement général de la navigation s’était élevé à 27 millions. Dix ans après, pour un mouvement de 45 millions de tonnes, celui des navires français n’était que de 7,6 millions. En 1913, à la veille de la guerre, le mouvement total des navires atteignait 54 millions ; mais le tonnage des navires français, entrés et sortis, n’était encore que de 9,9 millions. De 1890 à 1913 le mouvement de la navigation en France a augmenté de 172 pour 100 pour la navigation de concurrence. Celui des navires français ne s’est accru que de 82 pour 100 contre 206 pour 100 en faveur des navires étrangers. Depuis 1913, il y a eu une diminution assez sensible de la navigation. C’est ainsi qu’en 1918, elle s’est abaissée à 22 millions de tonnes. La part proportionnelle du pavillon français n’a jamais dépassé 21,5 pour 100. Elle a été de 18,6 pour 100 en 1919 et de 20,2 pour 100 en 1920. Si,