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les principales marines du monde : Grande-Bretagne : 19 millions ; Etats-Unis, 13,5 (non compris les Grands Lacs) ; France et Japon, 3,5 (avec les voiliers, nous dépassons sensiblement le Japon) ; Italie, 2,7 ; Hollande, 2,6 ; Norvège, 2,4. Par suite des livraisons de navires imposées par l’armistice, l’Allemagne est tombée de 5 millions de tonnes en 1914 au chiffre de 1,7. Mais elle marche à pas de géant vers son état d’avant-guerre, puisque son tonnage qui était en 1921 de 654 000 tonnes a déjà presque triplé !

Quoiqu’il en soit, méditons la statistique du Lloyd’s Register, et représentons-nous la persévérance de notre pays qui, malgré ses pertes, malgré la fermeture de ses chantiers, a pu doubler sa flotte de vapeurs. Dans quelques mois en effet, en tenant compte des commandes en cours, notre tonnage atteindra 4 millions de tonnes. Voilà pour la quantité. Quant à la valeur qualitative de cette flotte, elle résulte d’une part du pourcentage élevé des navires neufs, construits depuis 1918, qui figurent pour 38,7 pour 100 dans l’ensemble ; d’autre part, de la proportion très faible des vieux navires de plus de vingt-cinq ans, proportion qui ne dépasse pas 2,7 pour 100. Certes, parmi les navires les plus neufs, il y en a qui ont été construits à l’étranger dans des conditions défectueuses. Il n’en est pas moins vrai que nous pouvons nous flatter de posséder plus de 2 200 000 tonnes de navires, dont l’âge ne dépasse pas quinze ans, ce qui représente une très belle flotte moderne. Nous avons donc en mains un instrument de premier ordre pour satisfaire aux exigences du trafic national. On a dit couramment pendant la guerre qu’un chiffre de cinq millions de tonnes nous était nécessaire. Cette appréciation est exagérée, surtout dans les circonstances actuelles. Le chiffre de quatre millions que nous allons atteindre répond à toutes les nécessités.

Si l’on excepte le cas de l’Amérique, le pourcentage d’accroissement de la flotte française par rapport à 1914 est le plus élevé qui soit. Mais l’accroissement du tonnage américain doit faire l’objet de beaucoup de réserves. L’Amérique, souvent excessive dans la réalisation de ses idées, s’est lancée dans un programme de constructions gigantesques, hors de proportion avec les possibilités de son trafic. Aujourd’hui, cette nation ne sait plus comment exploiter le tonnage imprudemment acquis pendant la guerre. Elle est obligée de recourir à des mesures