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ne fût-ce que leur pureté même, permettra tout au moins de les reconnaître et, par conséquent, d’organiser la campagne contre eux. Ce dénigrement, qui n’aurait aucun effet pour un produit industriel où l’on cherche avant tout des résultats pratiques, en aura un certain pour une substance dont la valeur est toute conventionnelle. On a vu ainsi, quand furent découverts les diamants du Brésil, le commerce du diamant se liguer pour attribuer à ces diamants nouveaux, de par leur provenance seule, une valeur très inférieure à celle des diamants indous. Il en a été de même, quand on mit en exploitation les diamants du Cap. Mais des exemples particulièrement typiques viennent de nous être fournis par les rubis, les saphirs et les perles. Il eût été logique que le marché du rubis naturel fût fortement ébranlé par la mise en vente des rubis artificiels qui lui sont identiques, ou le marché des perles par l’introduction des perles japonaises. On a pu, ce semble, créer une cloison étanche entre les deux marchandises, et les prix, malgré cette identité technique et minéralogique, sont restés totalement différents, parce que cette identité cesse d’un point de vue commercial. La synthèse du diamant, tout en produisant une forte secousse sur le marché, ne serait donc probablement pas, pour les possesseurs actuels ni pour les mines, le désastre qu’on pourrait imaginer, et nous n’avons pas grande chance de voir les diamants assimilés aux cailloux du Rhin.


LOUIS DE LAUNAY.