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découvre pas un jour ou l’autre, en Asie ou en Australie, quelque gisement semblable à ceux du Cap, ou même plus riche, n’arrivera-t-il pas demain que, dans un laboratoire, on réussisse à faire cristalliser le carbone en diamant, comme on a reproduit le rubis et le saphir, comme on arrive aujourd’hui à cultiver artificiellement les perles ? Cela m’amène à dire un mot de ce qu’on appelle assez improprement la synthèse du diamant.

Cette synthèse a été beaucoup cherchée par mille méthodes. Outre son intérêt pratique, elle présenterait un intérêt théorique évident. On a essayé la chaleur jusqu’à près de 4 000 degrés, la pression jusqu’à 10 000 atmosphères, les dissolvants. On a toujours échoué. Une seule fois, il y a trente ans, on a peut-être réussi à produire des diamants microscopiques, dans les expériences de Moissan, et ce résultat, discuté dès le début, n’a été ni généralisé, ni même reproduit. Cela ne signifie évidemment pas que le succès n’est pas prochain ; mais cela montre la difficulté du problème. Périodiquement, on annonce que celui-ci a été résolu ; il en résulte un petit coup de bourse très momentané ; après quoi, on n’en parle plus.

Jusqu’à nouvel ordre, la voie dans laquelle a travaillé Moissan semble la plus logique, comme se rapprochant le plus des conditions naturelles. Que voyons-nous à Kimberley ? Des diamants cristallisés avec du graphite dans une roche qu’on peut assimiler à une scorie de fonte magnésienne ; cette scorie injectée violemment et sous une pression énorme dans une cheminée, résultat elle-même d’une explosion. Ces observations conduisent à dissoudre du carbone dans un bain de fonte et à exercer sur celui-ci la pression la plus forte possible au moment de la cristallisation. L’artifice employé par Moissan pour réaliser cette pression était fort ingénieux et conforme à ce qui a dû se passer dans nos gisements. Il utilisait la dilatation de la fonte, qui, en se solidifiant, augmente de volume comme la glace. Le refroidissement brusque de la fonte en vase clos, provoquait ainsi la pression cherchée et le carbone, passant de la densité 2 à la densité 3,5, devenait au moins quelque chose de très analogue au diamant. L’objection principale qu’on a faite à ces résultats est que les diamants microscopiques de Moissan retenaient un peu de silicium. Cette objection peut n’être pas justifiée. Les diamants naturels contiennent toujours, outre le carbone, de très faibles traces de matières étrangères, qualifiées