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un certain abaissement des prix, qui n’a, d’ailleurs, nullement ressemblé à un effondrement. La production de 1921, montant à 806 000 carats dans toute l’Afrique du Sud contre 2 547 000 carats l’année précédente, a été comptée au prix moyen de 102 francs contre 146 francs en 1920, prix encore supérieur à celui de toute la dernière décade, sauf en 1919 où il avait été de 126 francs. Mais les ventes réelles au public en 1921 ont été seulement de 530 000 carats. Elles venaient en grande partie des gisements alluvionnaires, qui produisent des diamants particulièrement estimés et qui sont restés libres de leurs prix de vente ; puis de Premier et de Jagersfontein, qui écoulèrent le tiers de leur production ; enfin de Kimberley, qui céda une fraction de son stock.

On a passé ainsi toute l’année 1922 dans l’attente, tandis que le marché se remettait peu à peu et, ne recevant plus guère de diamants russes, recommençait à absorber. Ainsi, dans le mois de juin 1922, on a annoncé que le syndicat londonien avait vendu pour 15 millions de diamants, chiffre le plus élevé depuis longtemps et qui correspondrait à 180 millions annuels. Les importations de diamants aux États-Unis se sont également relevées. En 1916, elles étaient de 220 millions de francs ; en 1917, de 185 (plus 25 millions de perles). En 1921, elles étaient tombées à 130 millions de diamants taillés, et 12,5 millions de diamants bruts. Dans les quatre premiers mois de 1922, on a importé pour 53 et 8 millions (soit 159 et 24 millions pour l’année). Les prix des diamants bruts ont, en même temps, remonté de 15 à 20 pour 100.

Finalement, au mois de novembre 1922, on annonce la reprise de l’exploitation dans les mines. La défaite complète des grévistes dans les mines d’or sud-africaines a pu accélérer cette décision et la faciliter en créant, sur le marché de la main-d’œuvre, des conditions plus favorables.


J’arrive enfin, pour conclure, à une question que plus d’un lecteur se sera sans doute déjà posée. Voilà un superbe échafaudage, sur lequel se tient en équilibre tout un commerce mondial, avec des fortunes chiffrées au total par milliards, et la base unique de tout ce système est la valeur attribuée par les femmes à de simples cristaux de carbone. En admettant même qu’on ne