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malade. Dès le début de 1921, on les estimait à plus de 150 millions.

Pendant des siècles, la Russie avait, comme tous les pays civilisés, absorbé des diamants : peut-être même d’une façon particulière, en raison de son caractère semi-oriental. Toute cette richesse accumulée dans le trésor du Souverain, chez les particuliers, dans les églises ou les couvents, a été volée par les Soviets ou par leurs partisans et, en quelques mois, liquidée et dispersée. Les diamants sauvés par leurs propriétaires en fuite et emportés à l’étranger ont également été vendus pour leur permettre de vivre. Au début, ce commerce fut désordonné, clandestin, souvent à vil prix. Puis cela s’organisa. Les Soviets chargèrent des ouvriers spécialistes de briser toutes les montures, comme le font les cambrioleurs, pour rendre les revendications impossibles. Les diamants, classés par lots suivant la pratique commerciale, furent alors transportés à Londres, où l’ampleur des lots mis en vente provoqua quelque surprise. En même temps, on augmentait leur prix. Ils ont ainsi contribué à payer la propagande bolchéviste.

Quand la crise du diamant commença en 1920, les mines réduisirent d’abord leurs équipes d’ouvriers. Dès 1920, la production avait dépassé les ventes de 115 millions. La perturbation produite sur le marché des diamants conduisait les Banques à refuser de faire des avances sur les diamants ; d’où un peu partout, dans ce milieu spécial, des difficultés de trésorerie. En février 1921, la de Beers licencia un cinquième de ses ouvriers blancs, soit 500, en leur donnant à chacun une gratification de 2 500 francs. En même temps, la Premier congédiait la moitié de son effectif blanc, ou 250 hommes. Puis toutes les mines fermèrent et l’on se borna à quelques travaux d’entretien pour occuper ce qui restait du personnel. Enfin, en novembre 1921, le conseil de la de Beers déclarait qu’il avait payé, en 1920-21, 25 millions pour soutenir 1 000 Européens occupés à des travaux improductifs et qu’il était obligé de les licencier. Le 1er janvier 1922, tout travail était donc suspendu dans la mine et dans les ateliers, sauf les services essentiels comme les pompes. Au même moment, à la Premier, on congédiait définitivement 3 146 indigènes et 354 Européens.

Malgré ces mesures radicales, on n’a pu, en raison des diamants russes et de quelques producteurs indépendants, empêcher