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« syndicat londonien des diamants, » et personne ne peut se procurer un diamant aux mines de Kimberley sans que cet achat passe par un membre du syndicat et soit inscrit à son compte. Ce syndicat connaît directement les besoins du public et fournit les données nécessaires pour équilibrer la production avec la consommation. C’est à lui que s’adressent tous les marchands de diamants et, par leur intermédiaire, tous les bijoutiers du monde entier. Chaque semaine, la production sudafricaine, dont un membre de ce syndicat a pris livraison, est expédiée du Cap de Bonne-Espérance à Londres par la poste. A Londres, les principales maisons d’Amsterdam, Anvers, Paris, etc., se partagent les lots. C’est encore là une organisation importante, puisqu’il est facile de calculer que le syndicat a constamment au moins une dizaine de millions en mer, sans compter les stocks en magasin. Les diamants bruts sont envoyés aux tailleries où on y provoque des faces planes et brillantes en profitant de leurs clivages naturels. Après quoi, ils sont sertis en bijoux.

Ajoutons, pour compléter cette organisation de la de Beers, un détail qui n’est pas sans intérêt. Il y a quelques années, la Compagnie a eu l’idée de fabriquer elle-même ses explosifs, au lieu de les acheter en Angleterre ; et, comme suite naturelle, elle s’est mise à vendre des explosifs dans toute l’Afrique du Sud. Cette fabrique a même constitué une source de revenus pendant la fermeture des mines de diamants. Sur cette industrie accessoire est venue plus récemment s’en greffer une autre. La nécessité de produire de l’acide sulfurique pour les explosifs a conduit à fabriquer cet acide, puis, comme il arrive souvent pour les producteurs d’acide sulfurique, à lui chercher un débouché dans la création d’une fabrique de superphosphates : en sorte qu’une mine de diamants se trouve alimenter l’agriculture dans l’Afrique du Sud.


L’histoire de l’industrie diamantifère pendant et depuis la guerre va maintenant nous permettre de préciser la façon dont fonctionne tout ce système. On l’avait déjà vu à l’œuvre pendant les autres crises antérieures, notamment pendant la guerre du Transvaal en 1900, puis en 1908 quand se produisit un arrêt violent dans l’industrie américaine. Mais jamais les secousses