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relatives à une extraction annuelle comptée par millions de wagonnets. Mais, tandis que le « load » contient seulement, en moyenne, un quart ou un cinquième de carat, il arrive de rencontrer de très gros diamants qui abaissent en pratique la teneur réelle du reste. Ces gros diamants, ces « éléphants blancs » éveillent naturellement la curiosité. Le plus gros que l’on connaisse est le Cullinan de 3 032 carats (600 grammes), qui mesurait brut 10 centimètres sur 6,3 et 3,7 et qu’il a fallu diviser en deux pour le tailler ; puis l’Excelsior de 971 carats ; le Reitz de 634 carats, etc. On sait avec quelle rapidité la valeur d’un diamant par carat croit avec le nombre de carats. Un diamant de 5 carats vaudra, par exemple, environ dix fois plus qu’un diamant d’un carat. Aussi la grosseur et la qualité des diamants caractérisent-elles la valeur d’un gisement autant que la teneur moyenne.

Ce que j’ai dit plus haut sur l’allure des cheminées diamantifères suffit à faire prévoir combien l’exploitation d’un tel gisement ressemble peu à un lavage de sables dans les alluvions d’une rivière. Lorsqu’on a découvert les mines du Cap en 1870, on est cependant parti du préjugé antérieur que les diamants formaient toujours des gisements d’alluvions, pour considérer les sommets de ces cheminées comme des alluvions d’un type spécial. Il en est résulté légalement, socialement, des difficultés inextricables dont l’histoire, depuis longtemps finie, n’offre plus qu’un intérêt de curiosité, mais qui contribuent, cependant, par leur couleur romanesque, à faire des gisements diamantifères, à tous égards, un monde particulier.

On se souvient qu’en décrivant la roche diamantifère, j’ai signalé les blocs de roches disparates, éboulis des parois, qu’elle englobe. L’allure de conglomérats qui en résulte excuse un peu l’erreur commise par les premiers explorateurs, lorsqu’ils se sont trouvés en face de la roche décomposée, transformée en une boue jaunâtre, au milieu de laquelle apparaissaient, de tous côtés, des fragments de roches hétéroclites. On pouvait alors penser à une argile glaciaire ou à une alluvion. Or, chez les laveurs de sables diamantifères qui avaient auparavant opéré sur les bords du Vaal ou de ses affluents, l’usage était que chacun se cantonnât dans un petit carré, ou « daim, » de 9 m. 45 de côté (31 pieds), constituant sa concession. C’était le moyen d’éviter les discussions. On appliqua donc le même mode de