Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enraciner cette opinion. Mais le fait absolu est que tous les diamants nouveaux vendus depuis un demi-siècle, beaux ou médiocres, ont eu, à de rares exceptions près, cette unique origine.

Une autre erreur est assez répandue dans le public. Quand on se représente un chercheur de diamants ou d’or, c’est d’habitude sous la forme d’un aventurier explorant les sables d’une rivière ou lavant les alluvions d’un placer. L’idée est aussi fausse dans un cas que dans l’autre. Le mineur, occupé à extraire des diamants ou de l’or, travaille dans une mine souterraine, sans distinguer la substance précieuse qui passe par ses mains et qui lui est presque constamment invisible. C’est plus tard, au jour, que, par des procédés savants et compliqués, on isolera cette substance de sa gangue, pareille elle-même à une pierre quelconque. Rien ne ressemble autant qu’une mine de diamants à une mine de houille et la profondeur atteinte y est souvent plus grande.

Ces gisements de diamants sont extrêmement particuliers. Dans un pays plat, à travers des terrains horizontaux qui forment le sous-sol, des colonnes rocheuses cylindriques et verticales s’élèvent à l’emporte-pièce, comme les rivets qui réunissent des feuilles de tôle, mais des rivets ayant plusieurs centaines de mètres de diamètre et un ou deux kilomètres de profondeur. A la surface, la roche qui les compose, plus dure que les terrains encaissants, a été généralement mise en saillie et forme une petite saillie débordante, un « kopye » qui complète l’analogie avec la tête d’un boulon. Là, cette roche s’est altérée et décomposée à l’air, et les diamants, en nombre accru par cette espèce de préparation mécanique, y apparaissent en liberté : on la nomme roche jaune, ou « yellow ground. » Mais, à une vingtaine de mètres au-dessous de la superficie, on retrouve la roche intacte, avec sa compacité et sa couleur vert bleuâtre : le « blue ground, » ou simplement le « blue. » C’est une matière éruptive qui a été injectée du fond sous pression, dans un phénomène explosif, avec rebroussement vers le haut et striage des terrains en contact. Ces « cheminées » ont dû commencer par être vides pendant un moment, si court qu’il fût ; et il y est tombé des éboulis venant des parois, qui ont été ensuite englobés dans l’éruption rocheuse et remontés avec elle, de telle sorte qu’ils lui donnent un aspect de brèche ou de conglomérat.