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bientôt aussi son revers. Malgré tout, la France n’a en réalité reçu que l’autorisation de jouer au policier au Maroc, et, quand elle parle de protectorat, c’est avec un fil à la patte, car presque à chaque pas elle ira contre le sens du traité, de sorte qu’au cours d’une occasion meilleure, on pourra encore découper le reste du Congo ou n’importe quel autre morceau de la France. En outre, on peut voir maintenant que la France est dans cette fatale position, que le cher ami de l’Entente va lui envoyer à la tête, par-dessus le canal, de nouvelles difficultés, sous la forme de prétentions espagnoles.

« C’est encore un festin qui se prépare pour le tertius gaudens qui jusqu’à présent fut toujours John Bull. »


Les intrigues avec les dissidents s’accentuent et portent leurs fruits :


C. Fiche, à Casablanca [1].


Le 27 décembre 1911.

« Politique. On croit savoir ici que le commandant M... est destitué. Mais il paraît que cela a coûté aux Français 20 morts et 40 blessés. »


C. Fiche, à Casablanca.


27 juin 1912.

« La situation devient de plus en plus aiguë. Le programme du général Lyautey va recevoir un mauvais coup... Je crois que la politique française se trouve dans une mauvaise impasse, surtout que, pendant la forte chaleur actuelle, elle ne peut pas exiger grand chose des troupes...

« Naturellement, il règne un grand contentement chez les Arabes, car il est évident que les Français ont peur. »


Fidèle au mot d’ordre nouveau : « agir, tout en faisant une figure innocente, » on se sert de protégés espagnols pour masquer l’action allemande, et, si possible, mous mettre en conflit avec l’Espagne :


Gründler à C. Fiche, à Casablanca.


Mazagan, 4 août 1912.

« Le rôle que le caïd protégé espagnol joue actuellement sur

  1. Les chefs des succursales signaient fréquemment : « C. Ficke. »