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La lettre suivante montre, une fois de plus, que le Gouvernement allemand connaissait et favorisait cette contrebande d’armes :


Tœnniès à Benrici [1].


Casablanca, 14 juin 1908.

« Henri vous a fait part en son temps, que Wætgen aurait affirmé au Consulat que, dans le coffre-fort qu’Henri a reçu en 1906, il serait entré des armes en contrebande. Bien que cette affaire ne soit pas encore entièrement liquidée, vous pourrez déduire l’opinion du Consul du fait qu’il nous a invités à dîner, Henri et moi, avant-hier. Ainsi donc, rien à craindre, si ce n’est de longs débats qui feront perdre du temps à mon frère et l’ennuieront. »

Les recherches faites ont permis de découvrir un de ces coffres-forts truqués, dans un fondouk des Mannesmann. La paroi intérieure qui, d’ordinaire, est remplie d’une matière isolante incombustible, laissait un vide important, duquel furent extraites des pièces de fusils démontées.

Le nommé Wætgen devint alors suspect aux Allemands : on avait perdu confiance en lui.


Hornung à Gründler.


5 octobre 1908.

« On suppose que Wætgen a donné aux Français quelques indications sur C. Ficke. »


Comme la propagande, les articles haineux, les calomnies, la fourniture d’armes aux indigènes, le meurtre même ne nous effrayaient pas, un nouveau plan fut combiné : provoquer la désertion des légionnaires, afin de pousser les Français à un acte quelconque de nature à amener la guerre. Pour cela, on fit appel à l’Empereur lui-même.

Les lettres suivantes lèvent un coin du voile ; elles montrent, d’une manière éclatante, que la France, non seulement ne préparait pas la guerre, mais qu’elle faisait l’impossible pour l’éviter. On entendra le bruit du sabre impérial.

  1. Son associé.