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dans l’affaire Mauchamps. La lettre suivante, d’une date postérieure, va nous en donner un aperçu :


Docteur Holzmann à Gründler.


Fez, 9 janvier 1909.

« En ce qui concerne mon état d’esprit au point de vue politique, je crois que qui connaît mon activité aurait dû savoir que j’ai, à proprement parler, fait plus à moi seul pour les intérêts de l’Allemagne, que tous les Allemands du Maroc réunis ; toutefois, j’ai acquis la conviction, depuis la première affaire Mauchamps, que l’Allemagne me laisserait en plant et, au besoin, comme cela s’est d’ailleurs produit, me secouerait de ses chausses. »

Si l’on reprend le manifeste cité plus haut, on trouvera singulier que seuls les colons français étaient assassinés et jamais les colons allemands. Il saute aux yeux que ces massacres, pratiquement inutiles à la cause arabe, nuisibles même et absolument stupides, étaient fomentés par quelqu’un d’étranger au monde musulman. N’est-il pas singulier, qu’alors que tout était calme, brusquement un fanatique se promène dans les rues, le matin, prêche soi-disant la « guerre sainte, » et que, peu d’heures après, les Français seuls sont assassinés sans motif, sur un chantier où l’on travaillait depuis un an sans le moindre ennui ?

A la vérité, les Allemands n’avaient personnellement rien à craindre, étant de connivence avec Moulay Hafid, sultan que nous ne tarderons pas à déposer.


Daum... à Gründler.


Marrakech, 18 mai 1907.

« Moulay Hafid nous a donné la garantie écrite que, tant dans nos personnes que commercialement, nous sommes en parfaite sécurité. »


En revanche, ces défenseurs de la cause allemande, si désintéressés en apparence, ne perdaient pas de vue leurs petits intérêts personnels. Le chef du service secret, C. Ficke, présenta au Gouvernement français une note fantastique et... fantaisiste de