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d’elle. Très digne, elle souffrit en silence, conservant malgré tout une gratitude infinie pour l’homme trop charmant dont elle avait eu le premier amour et qui avait fait d’elle, pauvre petite princesse disqualifiée, une Majesté impériale, une Tsarine de toutes les Russies.

Cependant, Alexandre-Nicolaïéwitch allait d’aventure en aventure, de caprice en caprice.

Un jour, il sembla se fixer dans un sentiment profond. La personne qui le lui inspira était une jeune fille de vingt ans, aussi remarquable pour l’intelligence que pour la beauté, la princesse Alexandra-Serguéïéwna Dolgorouky, n’ayant d’ailleurs qu’une parenté ancestrale avec la princesse Catherine-Michaïlowna. C’est elle, dit-on, qui servit de modèle à Tourguéniew pour la voluptueuse héroïne de Fumée. Vers 1860, à l’époque des grandes réformes, elle joua un rôle important. Par la décision de son caractère et la supériorité de son esprit, elle obligea souvent Alexandre II à persévérer dans les voies hardies où il s’était engagé. On la surnommait « la Grande Mademoiselle. » Mais brusquement, pour des motifs ignorés, la liaison se dénoua ou parut se dénouer. Alexandra-Serguéïewna épousa le vieux général Albédinsky, dont le Tsar s’empressa de faire un gouverneur de Varsovie.

D’autres caprices, d’autres amours suivirent, non moins éphémères les uns que les autres.


Après tant de succès faciles et qui presque toujours s’offraient d’eux-mêmes, Alexandre-Nicolaïéwitch n’avait d’abord rien compris à la résistance de Catherine-Michaïlowna. Puis il s’était piqué au jeu, ne pouvant admettre qu’elle demeurât insensible à ses avances. Eh quoi ! lui, l’héritier des Romanow, le Tsar autocrate de toutes les Russies, une gamine de dix-sept ans le fuyait, le repoussait ! Pourtant n’avait-il pas maintes fois constaté son ascendant sur les femmes ? Avait-il jamais rencontré une rebelle ?... Puis il s’était méprisé de s’obstiner ainsi à la poursuite d’une vierge rétive.

Enfin elle avait eu pitié de lui et elle était venue à Babygone.

Alors, il avait savouré l’ineffable joie d’être aimé pour lui-même par cette belle créature exquise et caressante.

Après quelques mois de ce bonheur inouï, on la lui avait