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Malheureusement, cette législation n’est pas encore assez connue. Et c’est avec grand plaisir qu’on voit certaines de nos Académies s’attacher à la faire mieux comprendre, à la faire entrer dans la pratique quotidienne de leurs régions par la simple exposition des magnifiques résultats obtenus.

C’est ainsi qu’à l’Académie de Dijon, M. Deslandres, doyen de la Faculté de droit, et l’un des premiers protagonistes de la maison à bon marché, vient d’exposer, sous le titre : « Le Crédit immobilier populaire de Dijon, » les heureux résultats de cette institution, qui, en quelques années seulement, a réalisé, sans aucune perte, 171 prêts s’élevant à la somme de 1 027 986 francs pour la construction ou la réparation de 155 maisons, l’agrandissement de 8 immeubles, l’achat de 6 terrains.

Bien faire connaître nos meilleures lois ou nos meilleures institutions privées, comme celle des nouvelles « Caisses de compensation familiales, » voilà une besogne d’autant plus importante que c’est sur ces lois ou institutions que repose l’avenir de notre pays.

La famille établie dans une maison saine, sur son bien même petit, avec les moyens d’élever sainement ses enfants, c’est la base même de la repopulation de notre France, problème vital qui préoccupe vivement nos Académies, comme celles de Lyon, de Grenoble, de Nancy, de Rouen, de Lille, « question des questions », comme il a été dit à l’Académie française, « unique problème, » comme disent tous les démographes, car avec les hommes plus nombreux, c’est la puissance de travail et d’invention, le nombre des usines, l’énergie de colonisation, le nombre des consommateurs et des contribuables, c’est-à-dire toutes les vraies sources de la prospérité, qui rentrent dans notre pays.

Cette première esquisse des travaux de nos Académies de province ne serait pas complète, si nous n’y signalions une excellente élude du Dr Jules Régnault, à l’Académie du Var, sur « l’Organisation de la vie nationale. » L’auteur y préconise, sur la base solide des institutions ou des sociétés déjà existantes, un régionalisme prudent, avec une coordination plus grande des connaissances, des moyens et des buts.

Dans le calme de nos provinces, qui permet de mieux réfléchir et de mieux prévoir, cette grande question de l’organisation nationale préoccupe plusieurs de nos Académies. Elles sentent plus ou moins distinctement que la paix ne sera gagnée que par plus de discipline sociale, c’est-à-dire plus d’obéissance aux éternelles lois du travail, de l’initiative, du savoir, de la collaboration et de l’ordre.


C.-M. Savarit.