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l’étendue et la fertilité de ses terres, être l’un des fournisseurs de blé de l’Europe occidentale.

Ce rôle prépondérant de la terre dans notre France, les compagnies de province, même quand elles n’ajoutent pas à leur titre celui de Société d’Agriculture, le sentent beaucoup mieux que nos assemblées parisiennes. Presque toutes se préoccupent du problème capital du retour à la terre. Nombre d’entre elles, comme celles de Limoges, de Tours, — sur un remarquable rapport de M. Auguste Chauvigné, — s’occupent activement des besoins agricoles et décernent des récompenses aux familles les plus attachées au sol natal.

À Tours, M. Vavasseur, président de la société, dit fort justement :

« Vous qui, si sagement, êtes fidèles au bon sol de France, faites effort pour inculquer autour de vous, à vos collaborateurs et à vos enfants, l’amour de notre si belle industrie ; montrez-leur que c’est encore aux champs, malgré les heures dures qu’on y traverse, qu’on trouve le plus de quiétude, le plus de santé robuste, de satisfaction morale et d’indépendance. Attachez-les à vos fermes, à vos maisons champêtres, en rendant vos habitations plus confortables, plus gaies. Dites-leur de se méfier des mirages dangereux des grandes villes. Faites ressortir qu’au travail des champs, on conserve toujours une belle et robuste santé et la sûreté des lendemains.

« Donnez à vos ouvriers, par le perfectionnement de votre outillage, toutes les facilités possibles de production et faites en sorte d’appliquer, dans vos exploitations, les méthodes les meilleures, afin d’intensifier votre production, tout en maintenant la qualité de vos produits.

« En réalisant ce programme, vous aurez bien mérité de votre petite patrie, notre jolie Touraine, et du pays tout entier. »


La ferme, le village ne seront attachants, comme le dit M. Vavasseur, qu’autant que les habitations y seront « plus confortables, plus .gaies. » Or notre Parlement, depuis une vingtaine d’années, à côté de tant de lamentables lois de circonstance, a voté tout un ensemble de mesures excellentes pour améliorer l’hygiène des villages, construire des maisons à bon marché, notamment pour les ouvriers et les familles nombreuses, créer des bains-douches communaux, des jardins ouvriers, améliorer les exploitations agricoles existantes, constituer et conserver le bien de famille (loi Ribot.) Toute cette législation repose sur de larges subventions de l’État, des départements et des communes et sur des prêts plus larges encore et à très faible intérêt.