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courants de recherches ou d’opinions réfléchies, les vues d’avenir, qui, dans le calme et la fermeté de nos provinces, entraînent et guident notre Pays, peut-être plus sûrement et plus efficacement que beaucoup de délibérations parisiennes.

La province apparaît ainsi comme un grand crible de raison et de réflexion où sont jetés pêle-mêle tous les projets fiévreux de la capitale ; elle ne relient et ne donne force de vie qu’à ceux qui sont conformes aux instincts essentiels et aux intérêts profonds de la nation.


Si nous ouvrons les derniers mémoires d’une Académie comme celle de Dijon, qu’y trouvons-nous ? D’abord une remarquable étude de M. Joseph Billioud sur « Les États de Bourgogne aux XIVe et XVe siècles, » d’après les archives locales et régionales. Et cette étude, un véritable volume, ne sera pas seulement très précieuse pour l’histoire du duché de Bourgogne, mais pour l’histoire des « États généraux » dans la France entière. L’histoire locale ou régionale apparaît ainsi comme apportant une forte contribution à l’histoire générale de notre pays.

Il en est de même d’une étude du général R. Duplessis à la même Académie sur la « Fête de la Confédération des Gardes nationales de l’ancienne province de Bourgogne » ; du travail de l’abbé Uzureau, de la Société des Antiquaires de l’Ouest, sur « le Schisme de la Petite Église en 1804, » qui menaça, dans nos provinces de l’Ouest, l’application du Concordat ; d’une lecture de M. Adrien Marcel à l’Académie de Vaucluse, « Molière à Avignon ; » du discours de réception de M. Abel Monnot à l’Académie de Besançon, « Rousseau à Besançon ; » d’une étude du Dr Ledoux à la même Académie, « l’Avant-dernière maladie de Napoléon Ier ; » des travaux de M. Gauchery, aux Antiquaires du Centre, sur « la Maison de Jacques Cœur. » Nous pourrions citer dans le même sens les travaux des Académies de Bordeaux, de Rouen, de Toulouse, de Marseille et de presque toutes nos compagnies provinciales, qui, par un labeur sans arrêt, apportent les plus précieux matériaux à l’histoire générale de la France.

Nous n’avons pas besoin de dire qu’on retrouve la même unanimité dans l’élaboration de l’histoire archéologique de notre pays, dans l’établissement de sa protohistoire et de sa préhistoire, les matériaux de ces sciences étant présents dans les vieux monuments ou enfouis dans les ruines et sous le sol de toutes nos provinces.

Mais cette collaboration est peut-être plus précieuse encore pour