Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

camp de concentration en Lithuanie. Le bombardement de la ville d’Alexandrette en Turquie d’Asie, le refus de rendre des prisonniers allemands faits au Dahomey ou de libérer des Allemands détenus en Alsace, furent autant de prétextes pour transporter dans des camps allemands l’élite des notabilités du Nord, parmi lesquelles se trouvaient, aux côtés de courageux fonctionnaires, un grand nombre de représentants du commerce et de l’industrie.

Au moment où la Commission des réparations est saisie d’un projet du Gouvernement français pour le contrôle financier de l’Allemagne, il nous a paru qu’il était bon de rappeler comment celle-ci a compris cette institution, dans les années d’occupation, et quels furent les résultats de cette mainmise sur les banques, pour trouver des disponibilités de paiement à l’étranger.


Arrivé au terme de cette étude sur les diverses formes d’oppression employées par l’Allemagne pour se faire payer, nous n’entendons nullement en suggérer l’application pour le temps présent, bien que la France soit liée par un Traité de paix dont elle aurait grand besoin d’accroître la force exécutoire. Les accords de Wiesbaden ou ceux de M. Hugo Stinnes avec M. de Lubersac pour les réparations en nature, n’apparaissent certainement pas comme des mesures draconiennes, comparables aux réquisitions et prestations telles que l’Allemagne savait les pratiquer dans nos régions envahies.

Comme nous l’avons déjà dit pour les contributions, les méthodes do l’Allemagne victorieuse n’auraient pas sensiblement différé de celles de l’Allemagne occupante et elle n’eût pas, en tout cas, renoncé au système qui avait été inauguré à Lille, lorsqu’elle drainait l’or, les billets, les avoirs à l’étranger, espèces, titres ou coupons, en vue de se procurer des moyens de paiement internationaux. Il en était de même pour les réquisitions, qui lui permettaient de recueillir sur place des métaux, des cuirs, des laines, des cotons, du caoutchouc, etc., en assurant ainsi, à peu de frais, son ravitaillement en matières premières.

Toutes ces mesures de spoliation, combinées avec des sanctions dont la plus efficace était la solidarité établie entre les communes et les particuliers, rendus personnellement responsables, composaient la solide armature du régime, dont nous aurions dû, en cas de défaite, subir la contrainte pour payer