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prier de vouloir bien nous faire savoir si les banques de Lille peuvent continuer à accepter en toute sécurité les versements pouvant lui être faits par la clientèle ; c’est au moyen de ces versements qu’elles peuvent maintenir le mouvement commercial nécessaire pour assurer le ravitaillement de la population.


La réponse du Gouverneur maintient la saisie sur les banques, sans autre explication que celle-ci :


Des enquêtes et saisies dans les banques ne sont jamais ordonnées sans des raisons fondées.


Ce n’était que la préface de mesures plus graves, qui se précisèrent dès le mois de juin 1915. En vue de forcer la Municipalité à payer les contributions de guerre, tant pour son propre compte que pour celui des autres communes de la région dont elle était rendue illégalement solidaire, l’autorité militaire décrète la mise sous scellés de tous les coffres de banque du territoire occupé par la VIe armée, coffres en location, conservation des titres et du portefeuille, encaisse de coupons, etc. C’est en fait la saisie des valeurs appartenant aux particuliers, et la première atteinte portée aux biens privés, en violation de l’article 53 de la Convention de La Haye, qui dit formellement que « seul le numéraire appartenant à l’État sera susceptible d’être saisi. »

Cette opération eut lieu le 15 juin, et ce n’est que le 24 septembre suivant, c’est-à-dire après trois mois de paralysie des affaires, que les scellés furent levés, à la suite de l’emprunt fait à la Société générale de Belgique par la ville de Lille pour régler l’arriéré de ses contributions.

Cette levée de scellés n’était, bien entendu, qu’une trêve et, en mai 1916, un nouveau régime commence, qui durera jusqu’à la fin de l’occupation, celui de la surveillance des banques, puis, en octobre de la même année, l’installation de séquestres.

Le bureau de contrôle des banques, organisé par la Kommandantur, avait pour fonction de réviser les livres et écritures des entreprises surveillées, de vérifier la caisse et les dépôts de titres, traites, etc., et d’exiger des éclaircissements sur toutes les affaires de la banque. En outre, il pouvait interdire toute opération sur des valeurs quelconques ou l’exécution d’engagements, sans justifier aucunement ses décisions.

En réalité, le but principal de ce contrôle était de fournir à